D’après pv magazine Allemagne
La reprise des prix des modules, après une forte chute au second semestre de l’année dernière, semble s’être interrompue. Peu de choses ont changé ces dernières semaines. Certains grossistes ont légèrement augmenté les prix des modules à haute efficacité – ce qui reflète des tensions persistantes sur l’offre – mais ces hausses restent trop faibles pour marquer une tendance nette. La plupart des marques continuent de se vendre juste en dessous ou à peine au-dessus de leurs coûts de production. Les prévisions basées sur les développements attendus en Chine indiquent une nouvelle baisse des prix plus tard cette année, en raison des risques de surproduction, ce qui pourrait mettre la pression sur les fabricants et entraîner une nouvelle vague de consolidation dans l’industrie solaire.
De nombreux développements récents du secteur photovoltaïque sont non durables ou manquent de valeur écologique. Bien que les acteurs du marché aiment se présenter comme des leaders climatiques, cette image ne résiste pas à l’examen. Au cours des 20 dernières années, l’industrie a peu progressé en matière de durabilité ; certaines pratiques ont même régressé.
Bien que certains fabricants annoncent produire des modules et cellules solaires de manière neutre en CO₂, cela concerne rarement les processus en amont et en aval. Le polysilicium, les produits chimiques de fabrication et autres composants sont généralement produits avec des méthodes loin d’être respectueuses du climat. La logistique aggrave le problème : les composants intermédiaires et modules finis parcourent souvent de longues distances en bateau et en camion, subissant de multiples manipulations avant leur installation – ce qui rend le processus globalement non durable.
Le problème des déchets s’étend aussi aux emballages de transport. Si l’industrie a abandonné les caisses en bois volumineuses autrefois utilisées pour les modules à couche mince sans cadre, les palettes jetables, boîtes en carton, sangles en plastique et films continuent de s’accumuler sur les chantiers, avec peu de tri ou de recyclage. Dans le meilleur des cas, les installateurs réutilisent les emballages extérieurs pour transporter les modules démontés lors du repowering, mais ceux-ci sont souvent trop fragiles pour être réutilisés.
Les réglementations européennes sur le recyclage doivent être mises en œuvre au niveau national, mais elles atteignent rarement leurs objectifs. Par exemple, l’ordonnance sur les emballages n’a pas permis d’encourager la réutilisation, la réduction ou la suppression des emballages de transport. Le règlement européen sur les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), appliqué en Allemagne via la loi sur les équipements électriques, reste peu pratique et appliqué de manière inégale. Certains acteurs ne connaissent même pas la réglementation introduite en 2016 pour l’industrie photovoltaïque.
Ces règlements sont pourtant bienvenus dans leur principe : transférer les coûts de traitement des déchets des contribuables vers les pollueurs, et encourager la réparation et la réutilisation des anciens équipements et composants. Mais ce dernier objectif reste hors d’atteinte. De nombreux acteurs évitent encore de payer les taxes de recyclage ou ignorent leurs obligations. De plus, la multitude de variantes nationales de mise en œuvre au sein de l’Union européenne (plus d’une douzaine) complique le commerce transfrontalier des produits photovoltaïques, rendant la conformité juridique difficile sans prestataire spécialisé en gestion et recyclage des déchets.
Le neuf moins cher que l’occasion
La baisse constante des prix des composants solaires profite certes aux consommateurs finaux en rendant l’énergie propre plus abordable, mais elle entraîne aussi une dégradation de la qualité et de la durabilité des produits. Les fabricants réduisent les coûts partout où cela est possible. Aux prix actuels des modules neufs, souvent autour de 0,12 à 0,15 €/Wc, recycler d’anciens modules encore fonctionnels n’a plus de sens économique : les tests et la logistique coûtent souvent plus que la valeur des matériaux. Par conséquent, les options de mise au rebut les moins chères sont privilégiées au détriment de la réutilisation. De nombreux fabricants ne s’intéressent guère à la gestion des pièces détachées.
Même avant que les cycles de produits ne passent sous la barre des six mois, les fabricants et distributeurs évitaient de stocker les modèles de modules solaires abandonnés. Ils écoulaient rapidement les stocks pour libérer de la place pour les nouveaux produits. Le marché ne réclame que les classes de performance les plus élevées ou les toutes dernières fonctionnalités. Les fabricants développent constamment de nouveaux types et tailles de cellules – donc de nouveaux formats de modules – rarement compatibles avec les systèmes plus anciens. Contrairement à l’automobile, le photovoltaïque ne dispose pas de gestion structurée des pièces détachées, cette tâche étant laissée à quelques prestataires spécialisés. Mais avec la baisse continue des prix, ce service devient économiquement non viable.
On pourrait s’attendre à ce que le secteur des onduleurs et du stockage d’énergie soit mieux structuré, les durées de vie des appareils étant rarement supérieures à 5 à 15 ans. Après cela, les produits deviennent obsolètes et sont souvent remplacés. Pourtant, même pendant les périodes de garantie, les produits devraient pouvoir être réparés ou remplacés par des unités identiques ou compatibles. Cependant, notamment chez certains fabricants chinois d’onduleurs, la réparabilité et la rétrocompatibilité ne sont toujours pas des priorités.
Un prestataire de services de réparation présent au salon Intersolar de Munich a rapporté qu’un important fournisseur chinois n’a pas pu fournir depuis des mois une carte électronique de remplacement pour un onduleur de chaîne arrêté depuis des années. L’entreprise n’a ni rejeté explicitement les demandes, ni proposé de solution constructive. La livraison d’onduleurs de remplacement a échoué car les modèles actuels ne peuvent pas communiquer avec des dizaines d’anciens appareils encore opérationnels. L’exploitant ne peut pas surveiller l’ensemble du système avec le logiciel d’origine du fabricant ; certains anciens ou nouveaux appareils sont donc exclus du suivi. L’exploitant refuse de démonter les onduleurs relativement récents et de les remplacer par des neufs, car cela représenterait une charge financière importante qu’il ne peut ou ne veut pas supporter, et ce serait non durable.
À propos de l’auteur
Martin Schachinger a étudié le génie électrique et œuvre dans le domaine du photovoltaïque et des énergies renouvelables depuis près de 30 ans. En 2004, il a fondé la plateforme de commerce en ligne pvXchange.com. L’entreprise propose des composants standards pour les installations neuves ainsi que des modules solaires et onduleurs qui ne sont plus fabriqués.
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