Le panneau léger d’Heliup entre en production industrielle

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Heliup fait le pari de la fabrication « Made in France ». La start-up essaimée du CEA, qui a développé un module photovoltaïque léger de 4,9 kg/m², a mis en service sa ligne de production située sur la zone industrielle du Cheylas, entre Grenoble et Chambéry. En phase de montée en puissance, elle dispose d’une capacité de 100 MWc, soit 300 à 350 000 panneaux par an. « Bien que similaire à l’assemblage des modules classiques, notre process est adapté aux panneaux légers », observe Yannick Veschetti, président et co-fondateur d’Heliup.

Cela commence par un environnement de production rigoureusement contrôlé dans deux salles propres de 1 700 m² avec une hauteur sous plafond de 4,7 mètres. Le lieu garantit une qualité constante grâce à des niveaux maîtrisés de poussière, température et humidité. La ligne de production, entièrement automatisée, se distingue aussi par un processus inversé : les stringers de cellules sont posés en face avant sur la backsheet et les matériaux d’encapsulation. Le verre solaire aminci est ajouté à la fin, avant la lamination dans l’un des deux laminateurs fonctionnant en parallèle. « Enfin, l’assemblage se termine par la pose des connectiques et de la boîte de jonction ainsi que par un contrôle de la qualité par électroluminescence et inspection visuelle », précise Yannick Veschetti. L’investissement total, incluant les travaux d’aménagement du bâtiment, s’est élevé à 7 millions d’euros.

L’investissement total, pour le bâtiment, les salles propres et la ligne de production, s’est élevé à 7 millions d’euros.

Image : Heliup

Grâce à l’utilisation de verre mince et à l’absence de cadre, chaque panneau “Stykon” d’une puissance de 290 à 300 Wc pour une surface de 1,5 m2, pèse 4,9 kg/m², contre 10 à 12 kg/m² pour un module photovoltaïque classique. Le poids total de chaque module est de 7,2 kg, soit 30 % de moins qu’un panneau traditionnel.  

C’est d’ailleurs ce qui rend la jeune pousse confiante dans son modèle, en dépit des difficultés rencontrées par le secteur de la production de panneaux solaires en France, soumis à la rude concurrence asiatique. « Notre produit apporte une vraie valeur ajoutée en répondant à une problématique majeure : la solarisation des grandes toitures commerciales, industrielles et logistiques existantes, qui n’ont pas la structure nécessaire pour supporter des panneaux solaires cadrés », souligne le dirigeant. Selon lui, le potentiel de la solarisation des toitures plates non dimensionnées pour le solaire (non PV-ready), poussé par le décret tertiaire et la loi d’accélération des énergies renouvelables (APER), est estimé à 150 millions de m². Cela représente un volume annuel d’environ 800 MW. En outre, le panneau Stykon ne nécessite pas de structure métallique car il est collé directement sur la membrane bitume ou synthétique du toit, réduisant ainsi le poids et l’empreinte carbone du système complet de plus de 30 %. Le temps de pose est de deux minutes seulement par panneau. 

Le module photovoltaïque prêt à coller pèse 4,9 kg/m2.

Image : Heliup

Autant d’avantages qui ont convaincu son partenaire, l’entreprise SopraSolar, qui a intégré le panneau d’Heliup dans un processus certifié sous Appréciation Technique d’Expérimentation (ATEx), après deux ans de tests techniques. « Ainsi, les maîtres d’ouvrage, bureaux d’études et développeurs photovoltaïques n’ont plus à abandonner certains projets, faute de solution technique et assurable », insiste Yannick Veschetti. À ce jour, plusieurs premiers chantiers ont déjà été réalisés, dont l’installation de 114 panneaux légers Stykon sur le toit du bâtiment logistique de Soprema à Bordeaux, générant une production annuelle de 25 MWh. Heliup entend aussi continuer à développer de nouvelles opportunités commerciales, tant en France qu’à l’étranger.

En octobre 2023, Heliup a levé 10 millions d’euros pour financer la construction de l’usine, et a bénéficié d’une subvention de 3,22 millions d’euros du Fonds européen pour l’innovation. La start-up prévoit également de lancer une seconde phase au-delà de l’investissement du Fonds pour l’innovation, en multipliant par cinq à dix la taille initiale de ses unités de production industrielle à partir de 2026.

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