Les professionnels du photovoltaïque pensaient la menace d’un moratoire sur le développement du solaire et de l’éolien derrière eux. L’Assemblée nationale avait en effet rejeté en juin dernier une proposition de loi portant programmation nationale pour l’énergie et le climat pour les années 2025 à 2035 (dite « Gremillet »), avec 377 voix contre et 142 voix pour.
Pourtant, selon une information révélée par le journal Contexte, Matignon envisagerait de publier d’ici peu la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), et envisagerait « la réévaluation du soutien public aux EnR et, le temps que cela soit soit, l’imposition d’un moratoire sur le solaire et l’éolien terrestre ». L’objectif serait d’éviter la censure du Rassemblement national lors de l’examen du texte. L’information n’a pour l’heure pas été confirmée, ni démentie.
Toujours est-il que la réaction de l’ensemble de la filière des énergies renouvelables ne s’est pas fait attendre. Ses représentants dénoncent une nouvelle instrumentalisation de l’énergie, traitée comme une variable d’ajustement politique au détriment de sa dimension stratégique. « Si cette information devait être confirmée, la politique énergétique de la France vivrait un moment très grave, regrette Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Le moratoire imposé par François Fillon en 2010 sur le solaire avait détruit plus de 20 000 emplois. Celui-ci pourrait en détruire bien plus. Comment peut-on imaginer de laisser à tel point le Rassemblement national définir la politique énergétique de la France ? Nous appelons l’ensemble des formations politiques à réagir pour empêcher un tel désastre ».
Les retombées économiques d’une telle mesure
Au delà des considérations politiques, l’association France Renouvelables choisit de mettre en avant les atouts économiques de la filière qu’elle représente. « Retarder le déploiement des EnR terrestres, c’est prolonger une dépendance coûteuse aux énergies fossiles, qui pèse chaque année près de 64 milliards d’euros sur notre balance commerciale, chiffre Anne-Catherine de Tourtier, présidente de France renouvelables. L’argument budgétaire avancé ne résiste pas davantage à l’examen. Les technologies renouvelables sont matures, créatrices de valeur pour les territoires et ne représentent qu’une part mineure de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) ».
Échaudées par un climat politique de plus en plus hostile aux renouvelables, plusieurs entreprises montent aussi au créneau, à l’instar du groupe Arvern Energies. « Notre PME familiale auvergnate, qui emploie 32 salariés, et ses partenaires locaux investissent massivement dans le solaire agricole, souligne Jérémy Mergnat, son dirigeant. D’ici 2026, nous prévoyons de solariser 350 bâtiments agricoles, pour une puissance de 107 MWc et plus de 55 millions d’euros de retombées directes pour les artisans et entreprises locales du Massif Central ». Selon lui, un moratoire sur ces projets impliquerait la destruction de milliers d’emplois non délocalisables et la fragilisation des agriculteurs et de leurs outils de travail.
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