Des signaux de prix irréalistes et une explosion des appels d’offres entravent le photovoltaïque africain

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L’énergie solaire est le seul moyen d’améliorer l’accès à l’électricité en Afrique, selon l’étude Bright Perspectives for Solar Power in Africa publiée par l’Institut Montaigne, un think tank français.

Le continent, et en particulier l’Afrique subsaharienne, est cependant absent de la révolution mondiale de l’énergie propre, selon les auteurs du rapport qui soulignent que le nombre de projets solaires avec plus de 5 MW de capacité de production au sud du Sahara avait à peine atteint deux chiffres, sans compter l’Afrique du Sud, fin 2018 – et que quatre d’entre eux se trouvent au Sénégal.

« Malgré la récente arrivée sur le marché de la technologie solaire photovoltaïque, les centrales mises en service au cours des dix dernières années continuent de s’appuyer principalement sur des sources thermiques ou hydrauliques, comme au cours des décennies précédentes », peut-on lire dans le rapport.

Selon les auteurs de l’étude, l’énergie solaire ne parvient pas à suivre le rythme vertigineux de la croissance de la population africaine qui devrait doubler pour atteindre 2,6 milliards de personnes d’ici 2050.

Trop d’appels d’offres

Le recours systématique aux appels d’offres (AO), en particulier sur les marchés immatures et pour les petits projets, fait partie du problème, indique le rapport. De tels AO peuvent faire baisser le prix de l’énergie solaire mais ne sont pas toujours suffisamment bien conçus pour empêcher les offres spéculatives qui entraînent des coûts supplémentaires et prolongent le temps nécessaire pour réaliser des projets. Les appels d’offres peuvent également restreindre l’accès au marché aux grandes entreprises uniquement.

Les analystes de l’Institut Montaigne ajoutent que les appels d’offres sur les marchés de l’énergie qui ne sont pas matures n’ont aucun sens. « Sans un marché spot de l’électricité, un contrat de type contrat pour différence [qui dépend d’un prix de gros de l’électricité variable] ne peut pas être utilisé », affirment-ils.

Les projets à petite échelle rencontrent des difficultés particulières dans les appels d’offres. « De nombreux articles de recherche à ce sujet suggèrent qu’en dessous d’une certaine taille de projet, les appels d’offres s’avèrent finalement plus chers pour la communauté qu’un système de guichets », indique le rapport, en référence à l’option alternative, le tarif fixe d’achat. Ces primes plus simples, soutient l’étude, offrent aux marchés la possibilité de développer l’expertise et les compétences locales nécessaires au bon fonctionnement de futurs appels d’offres.

Mauvais signaux de prix

La course qui en résulte vers le bas des prix de l’énergie solaire oblige les promoteurs de projets à soumettre des projets qui entraîneraient une perte, dans l’espoir que de nouvelles réductions des coûts des panneaux solaires et des taux d’intérêt compenseront le déficit.

« Une fois le contrat remporté, les hypothèses initiales ne sont évidemment pas réalisées, et le contractant doit alors négocier avec l’acheteur un prix plus élevé ou un délai plus long [pour développer le projet] en raison de la baisse continue des prix des panneaux solaires ou de l’amélioration économique du pays. Le contexte financier finira par rendre le projet rentable à un moment donné », précisent les analystes de l’Institut Montaigne. Cela retarde généralement les projets, avec des conséquences négatives sur l’alimentation électrique.

Selon le rapport, les appels d’offres devraient être introduits progressivement une fois qu’un marché est arrivé à maturité et être limités à de très grands projets. Les auteurs suggèrent également de mettre à disposition des outils de financement qui tiennent compte de la taille généralement réduite des projets solaires an Afrique subsaharienne, de limiter les subventions qui faussent les marchés et de soutenir davantage les pays africains pour lancer le secteur solaire dans chaque pays respectif.

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