Le Haut Conseil pour le Climat : « cette relance doit être verte, pas grise »

Dans son rapport « Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir – Accélérer la transition juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques », le Haut Conseil pour le Climat (HCC) rappelle que la baisse des émissions françaises constatée actuellement, en raison du confinement et la diminution des activités économiques et industrielles, n’est que marginale et transitoire – en aucun cas durable.

Pour les auteurs du rapport, les transformations opérées ces 40 dernières années (telles que la mondialisation des échanges et les flux tendus) ont produit de nouvelles vulnérabilités des sociétés ; il est aujourd’hui nécessaire de prendre des mesures structurelles pour sortir de la crise du Covid-19 en renforçant la résilience aux risques sanitaires et climatiques.

Une relance verte, pas grise

L’organisme explique que la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et le Plan national d’adaptation au changement climatique doivent constituer le cadre de référence dans lequel s’inscrivent les mesures budgétaires, fiscales, législatives et réglementaires de sortie de crise. Ainsi, il plaide pour que la compatibilité avec ces plans soit vérifiée avant tout octroi d’aides aux acteurs privés ou aux collectivités.

« Par exemple, toute aide vers le secteur automobile devra s’inscrire dans le cadre de reconversion des chaînes de production vers des véhicules à propulsion décarbonée et à l’empreinte carbone réduite sur leur cycle de vie, qui répondront aussi à des normes européennes de pollution plus ambitieuses », détaillent les auteurs du rapport.

Parmi les 18 recommandations émises dans le rapport, l’une concerne les énergies fossiles : le HCC recommande, dans les principes d’une transition juste, de mener à son terme la réduction des exonérations ­fiscales, entamée dans la loi de Finances 2020.

Il y est également, naturellement, question d’orienter les nouveaux investissements vers l’efficacité énergétique dans l’industrie, le logement et le tertiaire, et vers les infrastructures bas-carbone (énergie et transports décarbonés, réseaux adaptés). Le fi­nancement de la recherche et le développement des technologies essentielles à la transition – notamment les batteries et stockage de l’énergie, l’hydrogène – doit également être soutenu, estime le HCC.

Si les émissions de gaz à effet de serre sont en recul pendant la période de confinement (- 30 % estimés en France), par rapport aux tendances annuelles récentes, le risque d’un effet de rebond se profile, comme cela a été le cas suite à la crise financière de 2008. Le HCC rappelle d’ailleurs, qu’à cette époque, la part environnementale des budgets de relance, pour autant qu’elle puisse être dé­finie avec précision, est restée trop limitée : « Globalement, l’effet positif des investissements « verts » avait été annulé par des investissements « gris » trop nombreux », indique-t-il ajoutant que les analyses des plans de relance de 2008 soulignent les erreurs à ne pas commettre en 2020.