La start-up de la semaine : Enerfi

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« Enerfi investit dans des centrales photovoltaïques en tant que tiers investisseur : nous finançons la centrale à la place du propriétaire foncier.

Nous intervenons principalement dans des projets d’autoconsommation : l’électricité est alors consommée sur place par le client final, à des tarifs compétitifs par rapport à ceux des fournisseurs habituels (il est courant d’atteindre au moins 20 % d’économie sur 20 ans). Lorsque l’autoconsommation n’est pas possible ou pas idéale, l’électricité est vendue sur le réseau. Nous ne travaillons que sur des bâtiments tertiaires (pas de résidentiel) : usines, magasins, entrepôts, sièges sociaux, hôpitaux, bâtiments des collectivités…

Nous avons réalisé une levée de fonds fin 2019 et avons plus de 10 M€ de projets en cours d’étude.

En quoi cette société est-elle innovante ?

Le solaire en France s’est très majoritairement développé sur le modèle de la vente réseau.

L’autoconsommation se développe en France (environ 10 % des projets) depuis qu’un décret début 2017 lui a donné un cadre légal. L’atteinte de la parité réseau sur la majorité du territoire français en 2018 lui a permis d’accélérer jusqu’à atteindre un premier pallier d’environ 10 % des projets en 2019, soit environ 100 MWc. L’autoconsommation est pour le moment principalement portée par les propriétaires fonciers, qui investissent eux-mêmes dans leurs centrales photovoltaïques. Mais son développement est lent car les retours sur investissements sont longs, et les entreprises ou les collectivités n’ont pas toujours la volonté ou la possibilité de s’endetter pour ce type de projet.

Le tiers investissement est donc attendu comme un très fort accélérateur de l’autoconsommation dans les années à venir.

Quelle(s) technologie(s) utilisez-vous ?

Afin de sécuriser nos investissements, nous portons une attention particulière à utiliser les meilleurs panneaux et onduleurs du marché, avec des garanties long terme.

Nous n’avons pas créé de technologie au sens habituel du terme. Notre innovation, et notre force, ce sont nos compétences en matières financière et juridique : notre champ d’action est centré sur le financement des projets, et la mise en place du cadre juridique le plus adapté à chaque projet et garantir qu’il soit strictement conforme à une législation complexe et en constante évolution. Nous garantissons de sécuriser l’ensemble des parties prenantes sur des enjeux qui sont par nature de l’ordre de 20 ans minimum.

Quand et comment est née votre start-up ?

Je suis un observateur attentif du développement des énergies renouvelables depuis plusieurs années, et du solaire en particulier. En tant qu’avocat, j’ai été surpris de constater que mes clients, qui disposent de grandes toitures et parkings, investissaient très peu dans des centrales solaires, malgré la parité réseau. En creusant le sujet, je me suis rendu compte que le principal frein à un développement massif de l’autoconsommation était que les entreprises ne peuvent pas s’endetter pour des retours sur investissements aussi longs, car la majorité attendent une rentabilité de 3 à 7 ans. J’ai ainsi acquis la conviction que le tiers investissement était la solution la plus pertinente pour le développement de l’autoconsommation.

Nous avons alors créé Enerfi, mi-2019, après 12 mois de R&D sur l’étude des montages financiers, juridiques et fiscaux. Nous sommes aujourd’hui 4 personnes chez Enerfi.

Quel est votre modèle économique ?

En tant que tiers investisseur, la recherche de fonds pour financer nos investissements est au cœur de notre business model. Nous avons la chance d’être accompagnés par le groupe Baudelet Environnement, groupe familial présent au nord de Paris dans la collecte, le traitement et la valorisation des déchets. Cet accompagnement nous permet de bénéficier des fonds nécessaires à notre développement sur le long terme.

Quelle est (sont), selon vous, le ou les facteurs les plus importants pour la réussite de votre entreprise ?

Enerfi agit exclusivement en tant que tiers investisseur. Enerfi ne développe pas directement les projets sur le plan technique, nous travaillons avec des développeurs et installateurs partenaires. Le facteur le plus important pour notre réussite sera de constituer des liens solides avec le maximum de développeurs et installateurs en France, qui vont intégrer notre offre pour leurs projets. Nous prévoyons également quelques accords directs avec des grands comptes ayant de multiples sites à équiper.

Attendez-vous de nouvelles mesures politiques ?

La réglementation relative à l’autoconsommation individuelle s’est simplifiée en 2019 avec la reconnaissance par les autorités des schémas que nous pratiquons, en particulier la location des centrales aux exploitants des bâtiments. La législation pourrait encore grandement se simplifier en permettant d’indexer automatiquement les loyers en fonction des kWh produits.

Cependant, la situation de l’autoconsommation collective reste encore incertaine : le périmètre s’est certes élargi récemment, mais nous attendons toujours un nouveau tarif du TURPE qui ne soit plus punitif, et une exonération de TICFE. Ces deux éléments combinés pourraient permettre un essor de l’autoconsommation collective.

Quelles sont vos convictions concernant le développement de votre secteur ?

Parmi les différentes sources d’énergie exploitables, l’énergie solaire est une source naturelle inépuisable et peu exploitée. Utiliser cette énergie grâce au photovoltaïque s’avère aujourd’hui être une solution compétitive, qui va occuper une place très importante dans le mix énergétique de demain.

Le modèle des grandes centrales au sol avec vente sur le réseau représente la majeure partie du marché actuel. Ce modèle va continuer à se développer, mais pose un certain nombre de questions (modèle subventionné par l’Etat, difficulté de trouver des terres disponibles, et coûts d’adaptation du réseau potentiellement très élevés). A lui seul, ce modèle ne permettra pas d’atteindre les objectifs fixés par la France, notamment dans la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui prévoit de multiplier par 3 la puissance installée chaque année.

Au contraire, l’autoconsommation, qui ne nécessite pas d’adapter le réseau, est aujourd’hui viable sans subvention de l’Etat sur une grande partie du territoire français. Une étude de l’ADEME a montré que les toitures actuelles en mesure d’être équipées en centrales solaires pourraient représenter 3 fois la taille du parc nucléaire français. Nous sommes convaincus que l’autoconsommation représente une part majeure de l’avenir du photovoltaïque : c’est le chemin à prendre dès maintenant ! Nous voyons ENERFI comme un accélérateur pour l’avènement de ce nouveau modèle que nous jugeons plus vertueux.

Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?

Nous souhaitons d’ici début 2023 avoir déjà installé 30 MWc, et arriver à 20 MWc de projets par an en tiers-investissement, en autoconsommation pour au moins 2/3 et en vente réseau hors grandes centrales au sol pour le reste, en France et dans un second pays.

www.enerfi.fr
Membre AuRA Digital Solaire

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