Le solaire intégré au bâti, grand oublié de la RE2020

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Suite à la présentation des principales orientations de la RE 2020 par la ministre de la transition écologique Barbara Pompili hier mardi 24 novembre, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) se « félicite que le gouvernement semble saisir l’occasion de la mise en œuvre de ce dispositif réglementaire, l’été prochain, pour accélérer le déploiement des solutions renouvelables ». Désormais, en vertu des trois grands objectifs de la future réglementation environnementale 2020 qui entrera en vigueur en 2021, l’impact carbone d’un bâtiment sera pris en compte sur l’ensemble de son cycle de vie, y compris lors des phases de construction et de démolition, tandis que le chauffage exclusif au gaz sera progressivement exclu et remplacé par des sources alternatives.

Ainsi, en maison individuelle, où les solutions non fossiles sont très courantes et parfaitement maîtrisées (notamment la pompe à chaleur ou le chauffage biomasse), le seuil sera fixé à 4 kgCO2/m2/an dès l’entrée en vigueur de la RE2020 et exclura de fait des systèmes utilisant exclusivement du gaz. « Alors qu’une maison moyenne existante chauffée au gaz émet près de 5 tonnes de CO2/an, la même maison aux normes RE2020 émettra moins de 0,5 tonne, soit 10 fois moins », calcule la ministre. En logement collectif, la transition sera plus progressive entre 2021 et 2024, car aujourd’hui encore, 75 % des logements collectifs nouvellement construits sont chauffés au gaz. « Les alternatives (réseau de chaleur, chaufferie biomasse, pompe à chaleur collective, solaire thermique) sont nombreuses, mais doivent encore se développer à grande échelle », note le texte. Aussi le seuil sera d’abord fixé à 14 kgCO2/an/m2, laissant ainsi encore la possibilité d’installer du chauffage au gaz à condition que les logements soient très performants énergétiquement. Ensuite, dès 2024, le seuil sera ramené à 6 kgCO2/m2/an, excluant de fait le chauffage exclusivement au gaz, mais permettant le développement de solutions innovantes, y compris hybrides (telles des pompes à chaleur utilisant un léger appoint de gaz en cas de grand froid).

« Si l’ensemble des arbitrages n’est pas encore connu, par exemple le plafond de la consommation d’énergie primaire non renouvelable, cette règlementation permettra de massifier le recours aux énergies renouvelables dans l’habitat neuf, en particulier dans la maison individuelle où le panel de solutions techniques est particulièrement large », s’est donc félicité le SER.

En revanche, « seule déception, poursuit le syndicat, la prise en compte limitée de l’électricité solaire produite sur les bâtiments neufs qui ne permettra pas d’accélérer le développement des technologies de réseaux intelligents ».

En effet, interrogée en conférence de presse, Barbara Pompili a rappelé que « le principe de la RE2020 sera de regarder le bâtiment seul, sans compter la manière dont il est alimenté. Ainsi, alors qu’une installation photovoltaïque utilisée en autoconsommation sera prise en compte dans le calcul d’émissions du bâtiment, ce ne sera pas le cas des panneaux solaires dont l’électricité est revendue sur le réseau ».

Le syndicat Enerplan voit donc dans cette restriction une occasion manquée de développer le solaire intégré au bâti. « La future réglementation environnementale a fait l’impasse sur le bâtiment à énergie positive, nous en prenons acte, souligne Laetitia Brottier, vice-présidente Solaire et Bâtiment d’Enerplan, qui a publié hier une étude sur le surcoût des bâtiments neufs « prêts au solaire ». Mais la France ne peut se permettre d’accumuler les retards, et peut dès à présent appliquer un principe simple : à défaut d’être solarisé à sa construction, un nouveau bâtiment doit pouvoir l’être à moindre coût. En 2020, c’est une question de bon sens : tout bâtiment doit pouvoir produire chaleur ou électricité grâce au soleil. Le permettre ne coûte que très peu. Qu’attendons-nous pour l’inscrire dans la réglementation ? ».

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