[Série bilan 2020] « La filière du solaire a su se fédérer autour d’un thème commun »

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Comment s’est passée cette année 2020 pour Photosol ?

David Guinard, directeur général : bien sûr, cette année a été particulière, mais notre secteur d’activité a été moins directement affecté que d’autres par la crise sanitaire. Notre entreprise est dans une phase de croissance avec une accélération ces dernières années, qui s’est confirmée en 2020. Nous avons ainsi commencé l’année en étant nommés lauréat de l’appel d’offres pour l’installation d’une centrale photovoltaïque de 246 MWc sur la base aérienne de Creil. Sa construction débutera en 2022 pour une mise en service en 2023.

David Guinard, directeur général de Photosol

Photo : Photosol

Nous finissons aussi l’année sur quelques bonnes nouvelles, notamment un PPA signé au Nouveau-Mexique (Etats-Unis). La centrale de San Juan a une capacité de 240 MWc avec 100 MW de stockage (400 MWh). Sur la partie financière, nous obtenu à l’automne un financement bancaire de 108,5 M€ de la Banque Postale et de la Caisse d’Epargne CEPAC (Provence Alpes Côte d’Azur), qui nous aidera à financer la construction de neuf centrales photovoltaïques au sol et en ombrières de parking remportées lors des appels d’offres CRE4.

Vous n’avez donc pas souffert de ralentissement dû au Covid-19 ?

Au-delà des trois semaines, voire un mois de flottement au mois de mars, en raison de la mise à l’arrêt du bâtiment, nous avons pu rapidement reprendre une activité normale. Nous avons la chance d’être dans un secteur qui travaille en extérieur, sur des surfaces étendues, où il est facile de mettre en place des mesures barrières pour ne pas ralentir l’installation des panneaux tout en assurant la sécurité de nos ouvriers. De fait, nous avons actuellement 410 MWc en exploitation et en construction, ainsi qu’un pipeline en développement de l’ordre de 2 GW, ce qui est conforme aux objectifs que nous nous étions fixés.

En revanche, nous avons observé une tendance, qui n’est pas liée au Covid-19, et qui était déjà vraie en 2019, c’est un véritable ralentissement des services de l’Etat dans les dossiers d’autorisation. Les permis de construire mettent, volontairement ou non, de plus en plus de temps à être délivrés. D’un côté, le gouvernement annonce des engagements dans le solaire, qui se traduisent par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), mais de l’autre, nous assistons à un revirement stratégique et politique en défaveur du renouvelable : alourdissement de la fiscalité qui pèse sur le solaire en raison de la part exorbitante des taxes foncières ; cahiers des charges des appels d’offres qui ne sortent pas, ce qui ne nous donne aucune visibilité ; dossiers d’autorisation très lents… La preuve la plus flagrante cette année restera la remise en question de la parole de l’Etat avec le vote de l’amendement sur les tarifs S06-S10.

Etes-vous directement affectés par la renégociation des contrats signés entre 2006 et 2010 ?

Sur 410 MWc en exploitation et en construction, nous sommes concernés à hauteur de 7 MWc, soit quatre contrats. C’est très peu dans notre portefeuille, mais le combat n’est pas terminé pour autant. C’est peut-être le seul avantage de cette affaire, qui a eu le mérite de fédérer les acteurs du solaire et les deux syndicats autour d’un thème commun. Je pense que nous serons dans le futur mieux à même de défendre nos intérêts et nos développements qui sont porteurs de valeur.

Nous attendons donc de voir ce que dira le Conseil constitutionnel de la validité du texte, puis de connaître le contenu du décret d’application. Mais si la renégociation remet en cause l’équilibre économique de nos actifs, nous serons prêts à les défendre juridiquement.

Au-delà de ces contrats, cet amendement compromet directement toutes les filières naissantes, à commencer par celle de l’hydrogène. Nous étions en train de travailler sur un projet d’hydrolyseur pour alimenter un réseau de bus d’une régie de transports en commun. Nous avons tout stoppé. C’est un projet à plusieurs dizaines de millions d’euros pour lequel nous avons besoin de l’aide de l’Etat, laquelle est colossale. Mais qu’est-ce qui nous garantit maintenant que l’Etat ne viendra pas la renégocier ou la reprendre dans dix ans ? Plus rien.

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