[UAPV21] L’autoconsommation individuelle et collective, deux marchés très dynamiques

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« Le contexte a beaucoup évolué depuis l’année dernière et dans le bon sens », a salué Lydie Sartout, Directrice Projets et Solutions pour la transition énergétique dans les territoires chez Enedis lors de la troisième table-ronde de l’Université de l’autoconsommation d’Enerplan le 21 septembre. Ainsi, les opérations d’autoconsommation individuelle ont cru ces derniers mois de façon exponentielle. « Nous sommes passés de 20 000 opérations en 2017 à plus de 100 000 début 2021, et en puissance de 45,02 MW en 2020 à 92,17 MW pour le premier semestre 2021 », a-t-elle chiffré. Du côté du collectif, la progression est toutefois moins spectaculaire : 20 opérations ont été recensées en 2019, puis sont passées à 40 en 2020. Sur 2021, 66 ont été mises en œuvre jusqu’ici et 73 dans les tuyaux. La plupart sont actuellement réalisées par des collectivités locales et des bailleurs sociaux.

Un TURPE spécifique pour les AO collectives

« La dynamique de marché est principalement due à une actualité réglementaire nourrie ces derniers mois », a assuré Lydie Sartout, citant notamment les appels d’offres dans l’autoconsommation, la dérogation de 20 km, les mécanismes de soutien avec le complément de rémunération pour le surplus de production, les communautés d’énergie… « Nous attendons donc une croissance très forte des demandes de raccordement et autour des données numériques, pour permettre la répartition des flux », a ajouté Lydie Sartout. Elle a également rappelé, dans ce contexte, que la CRE a prévu un TURPE spécifique pour les AO collectives. « Il y a encore assez peu de demandes, car sur le plan administratif et opérationnel, c’est plus compliqué, mais cette offre a un véritable intérêt économique », a-t-elle justifié.

En tant que retour d’expérience, Jean Bertrand-Hardy, Directeur Stratégie, Business Développement et Innovation B2C chez Engie est venu présenter un point d’étape de l’opération Harmon’Yeu. Cinq maisons ont été équipées de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 23,7 kWc et la production est répartie entre les 23 membres de la communauté. Un système de pilotage permet de renvoyer le surplus d’électricité vers des ballons d’eau chaude, ou des batteries. Une application prédit aux utilisateurs l’ensoleillement sur les deux jours suivants.

« Un an et demi après la mise en service, 120 euros sur l’année sont économisés par foyer, a détaillé Jean Bertrand-Hardy. Le taux d’autoconsommation atteint 97 % avec 16 % d’autonomie ». Néanmoins, il a souligné que les niveaux de rentabilité sont encore à améliorer. « Même si l’on s’adresse à des groupes de citoyens engagés, des temps de retour sur investissement de 20 ans risquent de ne pas assurer un décollage massif ».

Parmi les autres points de vigilance, il a donc rappelé l’importance de ne pas faire disparaître trop tôt les aides, compte-tenu de ces temps de retour. « De plus, même si beaucoup de progrès ont été faits, les délais de raccordement sont de l’ordre de trois mois et plus, ce qui pèse négativement sur l’expérience des clients », a -t-il ajouté. Enfin, il a mis en garde contre l’effet de trappe de la TVA à 10 % pour les installations de moins de 3 kW, qui limite artificiellement le marché.

Le potentiel des kits plug and play

Du côté des particuliers, Marion Perrin, Directrice Générale Déléguée aux Opérations pour Oscaro-Power a mis en avant le potentiel et l’intérêt du marché du micro PV « plug & play », proposé par de plus en plus d’entreprises françaises, comme Beem, Solarcoop… « Bien sûr, ces kits à installer soi-même sont loin de couvrir les besoins d’une maison, qui sont plutôt de l’ordre de 10 000 kWh, a-t-elle expliqué. Ce n’est pas un produit énergétique, mais un point d’entrée pour les particuliers, pour se familiariser avec l’énergie photovoltaïque et avoir envie d’aller plus loin ». Venant bousculer le marché, ils posent cependant des questions en termes de sécurité. Pour cette raison, Oscaro est en train de créer un référentiel technique certifié par un bureau de contrôle. Mais selon Marion Perrin, ces installations peuvent permettre de percer le plafond de verre des 35 000 systèmes par an en France.

Banaliser l’utilisation du solaire, c’est également un travail mené auprès des industriels et professionnels. « Au niveau régional, il y a une vraie appétence de la part des entreprises », a assuré Julien Jimenez, Sous-Directeur de la Direction de l’Energie et du Climat de la région Nouvelle-Aquitaine. En général, leurs premiers pas dans le photovoltaïque sont motivés par leur démarche RSE et leur image. « Mais très vite, les directions financières s’aperçoivent du potentiel économique et veulent aller plus loin », a-t-il décrit. L’une des cibles de la région sont les PME qui représentent un gisement important et qui généralement sont celles qui paient cher leur électricité. « Nous voyons ensemble comme nous pouvons construire un panel d’entreprises et agréger leurs achats, dans le cadre de PPA, a fait observer Julien Jimenez. Pour nous, le ticket d’entrée est à 5 GWh par an ». Il a également expliqué que la région réfléchissait à la mise en place d’un fonds de garantie, afin de prendre en compte le risque de faillite des clients sur la durée des PPA.

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