L’acteur de la semaine : OKwind mise sur les trackers solaires pour l’autoconsommation

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OKwind avance dans la génération et la gestion d’énergie pour l’autoconsommation en France depuis sa création en 2009. Toujours basé à Tarcé, en Bretage, où il vient d’inaugurer ses nouveaux locaux, le fabricant et installateur de systèmes solaires AC a accéléré sa croissance au cours des dernières années. D’un million d’euros de revenus en 2015, le groupe pourrait dépasser la barre des 30 millions d’ici la fin de l’année, d’après son président Louis Maurice, qui a confié à pv magazine que OKwind affichait déjà au compteur une croissance annuelle de près de 30 %.

Pour ce faire, la PME mise sur les trackers solaires, des ombrières mobiles bi axes et bi faces qui suivent le soleil de manière à garder les panneaux photovoltaïques de l’installation perpendiculaires aux rayons pour favoriser les gains et la linéarité de la production ainsi que l’exposition stable des modules. Cette technologie solaire est encore peu utilisée en France. Elle permettrait pourtant une production jusqu’à 70% supérieure aux installations fixes en toiture selon OKwind, qui veut encore innover sur ses solutions pour atteindre les 60% d’autonomie sur ses sites en AC – contre 30 à 40 % en moyenne aujourd’hui.

Le pari du tracker solaire

Au départ, il y a la technologie du tracker solaire. A la manière d’un tournesol, les ombrières photovoltaïques mobiles bi-axe de OKwind suivent le soleil tout au long de la journée. Selon le constructeur, ce suivi, couplé à l’utilisation de modules bifaciaux, permettrait d’augmenter la production électrique de 65 à 70% en kWh par rapport à une installation fixe de puissance équivalente.

Avec une équipe R&D de 23 personnes, le groupe a notamment développé des trackers géants, jusqu’à 117 mètres carrés à sept mètres de hauteur, avec une emprise au sol minimale (2,5 par 2,5 mètres) favorisant son utilisation dans les secteurs agricoles par exemple. La gamme de OKwind se décline selon les différents besoins de ses clients, des collectivités aux industriels en passant par les particuliers, puisque le groupe développe une offre résidentielle depuis deux ans via sa filiale Lumioo.

A l’échelle mondiale, le tracker solaire affiche une croissance annuelle de 40% et devrait représenter un tiers des installations photovoltaïques en 2024 selon les chiffres d’IHS Markit. « Le constat global ne se reflète pas encore en France », regrette Louis Maurice. Les quelque 1600 installations actuelles d’OKwind sont d’ailleurs peu concernées par les stimuli du gouvernement puisqu’elles ne relèvent d’aucune subvention et, en l’absence de revente (ce qui est actuellement le cas) ne bénéficient d’aucun tarif d’achat. La valorisation du surplus pourra toutefois entrer en ligne de compte par la suite.

Finalement, Louis Maurice prône une meilleure prise en compte des installations d’ombrières mobiles dans les réglementations et les appels d’offres futures. « Que ce soit dans le nouvel arrêté tarifaire, les appels d’offres CRE ou la loi climat et résilience, aucune mention n’est faite des trackers solaires. Des pôles d’expertises se constituent dans d’autres pays, et notamment l’Espagne, il serait dommage que la France passe à côté d’une telle dynamique. » Lauréat de la French Tech 120 2021, le groupe OKwind pourra, il l’espère, lancer des discussions autour de ces enjeux avec les ministères clés.

Autoconsommation et aménagement du territoire

Pour le moment OKwind continue de grandir dans l’autoconsommation non subventionnée. « Nous sommes convaincus qu’il est possible de concilier compétitivité, énergie verte et économie de proximité » explique Louis Maurice, qui croit au modèle de l’autoconsommation, plus qu’au modèle centralisé, pour atteindre les objectifs verts français et européens. Les raisons ? « L’autoconsommation en basse tension, et notamment pour les sites professionnels, évite les pertes d’énergie liées au transport et la transformation d’énergie », qui représentent ensemble plus de 90 % des pertes sur l’année passée selon RTE. Elle permettrait aussi de sensibiliser plus efficacement les acteurs locaux à l’énergie verte (notamment via une baisse concrète de leurs factures) tout en économisant les coûts et les contraintes liés au raccordement. Louis Maurice y voit également un outil d’aménagement du territoire, puisque ces installations peuvent être inclues à différentes échelles et dans des zones complètement isolées. « Les systèmes solaires en AC peuvent créer de la richesse en milieu rural. Selon l’autonomie obtenue par site, un projet de trackers peut même permettre de générer des revenus. » En tout cas, l’inflation sur les prix de l’électricité constatée depuis six ans pèse en faveur de l’autoconsommation qui garantit un coût du kWh figé (durant 25 ans en ce qui concerne les installations d’OKwind) et qui permet aux professionnels de calculer leur consommation en quasi coût fixe dans leurs projections.

Développer l’autonomie des sites

Selon les sites, OKwind garantit une autonomie de 30 à 50 %, ce qui correspond pour l’acheteur à un retour sur investissement de moins de dix ans et à 5 à 20 % d’économie sur facture d’après le fabricant. « Depuis deux ans, notre perspective est d’augmenter la capacité d’autoconsommation par site », explique Louis Maurice qui dit viser les 60 % et plus avec les innovations techniques et algorithmiques en cours.

Le groupe développe pour cela le management de l’énergie, une offre de service qui prend en compte les données météorologiques à 72h et qui les combine à une solution de stockage intermédiaire, créée grâce à des systèmes thermiques pour fournir une réserve différenciée d’énergie à la centrale solaire. Associé avec des procédés d’optimisation d’utilisation de l’énergie, ce modèle permet d’économiser l’énergie ou du moins, d’augmenter la part d’électricité auto-consommée. Pour étoffer ses recherches, le groupe a pris des parts au capital de la start-up d’intelligence artificielle PureControl à l’occasion d’une levée de fonds en juillet 2021.

Dans les prochaines années, OKwind pourra compter sur l’agrivoltaïsme, « une orientation stratégique clée » pour Louis Maurice, qui cite l’élevage et l’agriculture comme des secteurs où la valeur ajoutée du trackers est claire. En effet, l’ombrière dynamique n’est pas artificialisante et sa hauteur permet le passage du bétail et des tracteurs. Jusqu’à présent aucun impact visible sur les cultures et les rendements n’aurait été démontré. OKwind alloue ses ressources à deux thèses en cours sur l’agrivoltaïsme, en basse tension toujours, et menées au regard de projets d’aménagement du territoire.

« Dès que le stockage électrique sera abordable, soit d’ici deux ans d’après nous, il sera intégré à nos systèmes », précise Louis Maurice. Car en plus de l’agriculture, le groupe se tourne de plus en plus vers les collectivités et les industriels en visant notamment les régies électriques, la production de froid industriel et les stations d’épuration. « Le marché du tracker solaire va vite et dans les prochaines années il nous faut grandir aussi de manière importante » explique Louis Maurice, qui dit regarder aussi bien vers le déploiement accéléré de ses solutions en France que vers l’exportation et la croissance externe en Europe pour atteindre son objectif de croissance de 50 % par an.

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