L’acteur de la semaine : la fondation Synergie Renouvelable se réinvente pour démultiplier la générosité de la filière des EnR

Environ 500 000 euros. C’est le montant des dons qui ont été récoltés en 2022 par le fonds de dotation Synergie Renouvelable (ex Synergie Solaire) auprès des entreprises de la filière des énergies renouvelables. Cette somme a permis, comme chaque année depuis 2010, de financer des actions d’électrification solaire dans le monde, principalement en Afrique et en Asie. « 500 000 euros, qui suivent 525 000 € collectés en 2020 et 426 000 € en 2021, c’est énorme car nous sommes parvenus en 12 ans à aider 1,2 million de personnes dans les pays en développement, souligne Priska Sarraméa, la déléguée générale de l’institution caritative, interrogée par pv magazine France. Mais c’est aussi très peu pour une filière aussi dynamique que celle des énergies renouvelables, avec des entreprises en croissance et d’autres qui se créent. Nous étions persuadés de pouvoir faire mieux ».

C’est pourquoi, fin 2022, l’organisme de mécénat décide de se réinventer totalement. En changeant de nom tout d’abord, pour devenir Synergie Renouvelable. « Cette nouvelle identité, qui remplace celle de « Synergie Solaire » un peu trop restrictive, inclut désormais clairement toutes les filières renouvelables ».  En effet, Synergie Renouvelable est partenaire d’Enerplan, mais aussi de France Energie Eolienne (FEE), de France Hydroélectricité ou encore du SER (Syndicat des énergies renouvelables). « Cependant, sur le terrain, l’aide fournie aux populations porte en grande majorité sur l’énergie solaire, qui est aujourd’hui la plus simple et la moins chère à être déployée, surtout dans ces pays qui disposent d’un fort ensoleillement », précise Priska Sarraméa.

1 million de personnes aidées d’ici à 2025

Synergie Renouvelable travaille en effet avec 87 ONG partenaires qualifiées dans le monde. Celles-ci sont choisies selon des critères précis, examinés par des comités de sélection composés de 12 experts. Parmi les dernières actions, l’association Laaf au Burkina Faso a reçu 10 000 euros pour créer une école solaire à Koudougou au centre du pays, en partenariat avec l’université, afin d’électrifier le village puis de servir de centre de référence en énergie photovoltaïque dans la région. Autre exemple : au Bénin, l’ONG Iday-International a bénéficié de 15 000 euros pour fournir à une école et à un groupement féminin un kiosque de recharge collective, alimenté par panneaux photovoltaïques. « L’énergie conditionne l’accès à la santé, à l’éduction, à l’eau potable…, liste la déléguée générale. C’est un enjeu majeur pour l’amélioration des conditions de vie et du niveau économique ».

De fait, la fondation a pour objectif d’accélérer la collecte de fonds et de viser un million de nouvelles personnes aidées d’ici à 2025. Aux côtés des donations classiques et de son dîner caritatif annuel, elle a donc modifié son mécanisme de financement de dons pour s’appuyer sur les opérations financières (financements, acquisition…) réalisées par les acteurs de la filière. Pour cela, une nouvelle charte de solidarité a été rédigée et permet d’apposer un Label aux closings. « Concrètement, en signant cette charte, les porteurs de projets (producteurs EnR, développeurs, investisseurs, maîtres d’ouvrage…) s’engagent à reverser à Synergie Renouvelable 0,15 % du montant de l’opération financière réalisée, avec un minimum de 20 000 euros pour les petites opérations », décrit Priska Sarraméa. Par exemple, sur une opération de financement de 40 millions d’euros, le don s’élève à 60 000 euros. 60 % de ce mécénat peut faire l’objet d’une réduction d’impôts et le reste est réparti entre le porteur de projet (nommé Sponsor) et toutes les parties prenantes (banques, conseils juridiques, techniques ou financiers, cabinets d’avocat…). En participant à un transaction labellisée, ces dernières s’engagent en effet à signer la charte et à pratiquer une décote sur le montant de leurs honoraires ou de leur commission.

Quatre premières opérations labellisées

Le premier financement labellisé a été effectué par le développeur de centrales photovoltaïques Smart Energies. Elle concerne un closing de 30 millions d’euros, obtenu auprès du Crédit Agricole du Languedoc pour la construction d’un portefeuille d’une centaine de centrales en toitures et en ombrières, représentant une puissance de 30 MWc. Sur ces 30 millions d’euros, 45 000 euros co-financés par Smart Energies, Crédit Agricole du Languedoc et le cabinet d’avocats Energie-Legal ont été versés à Synergie Renouvelable. « Au final, prélever 45 000 euros répartis de manière consensuelle entre les partenaires sur un montant de 30 millions, c’est indolore pour tout le monde », confie à pv magazine France Vianney de l’Estang, CEO de SmartEnergies, qui indique qu’aucun des partenaires n’a hésité à souscrire à la labellisation.

A l’heure actuelle, la charte a été signée par 16 premières entreprises, dont Enoé, Générale du solaire, JPEE, Tenergie, ou encore Finergreen (liste complète ci-dessous). « Sur le premier trimestre, nous allons annoncer trois autres opérations financières labellisées », assure Priska Sarraméa, avec pour objectif de démultiplier la générosité de la filière.