[Série Régions] La Bourgogne-Franche-Comté façonne le développement solaire de son territoire

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Avec un potentiel solaire encore peu exploité, la Bourgogne-Franche-Comté vise à accélérer de manière exponentiel le déploiement du photovoltaïque dans les prochaines années. La région du quart nord-est de la France possédait une capacité installée de 453 MW en 2021, pour une production solaire annuelle de quelque 430 GWh. Elle espère atteindre les 3800 MW d’ici 2030 et dépasser la barre des 10,8 GW en 2050, soit plus de 10 000 hectares de panneaux – contre quelques centaines aujourd’hui. D’ici là la région devrait même être légèrement exportatrice en matière d’énergie photovoltaïque avec 11 % de production locale excédentaire.

Pour réussir ce pari, le territoire mise beaucoup sur le développement de grands parcs au sol. Ils représentaient déjà plus de la moitié de la puissance photovoltaïque installée en 2022 avec 244 MW de capacité répartie entre 25 installations. « Ces centrales solaires à grande échelle sont principalement des projets lauréats d’appels d’offres de la CRE, même si on observe un développement, encore limité, des contrats PPA », explique Bertrand Aucordonnier chargé de mission électricité verte à l’Ademe Bourgogne-Franche-Comté dans un entretien avec pv magazine France.

Préparer l’accélération du développement PV à grande échelle

Pour accompagner le développement des centrales à grande échelle, la région a lancé une mission d’état des lieux des parcs au sol. Confiée à la société d’ingénieurs conseils en énergies et environnement PlanAir, l’étude en question a été lancée début 2023 et doit permettre de récolter des informations qualitatives pour mieux connaître, comprendre et orienter les acteurs du solaire dans la région. « Il y a dix ans, il y avait moins de dix parcs au sol dans la région », rappelle Noémie Poize, responsable innovation et expertise PV à Planair pour illustrer l’accélération du développement au sol constatée dans la région depuis deux ans.

Graphique : rapport 2020 sur le scénario REPOS (scénario de la trajectoire région Bourgogne-Franche-Comté énergie positive et bas carbone)

Graphique : Scénario de la trajectoire région Bourgogne-Franche-Comté énergie positive et bas carbone

Le périmètre d’étude englobe toutes les centrales au sol, en service et en développement, dans tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté. La mission va passer au crible les typologies de site (zones industrielles, délaissés, terres agricoles, …), les technique et technologies déployées, les aléas de production et ceux liés à la maintenance et enfin le développement de ces projets : le portage, le financement, les acteurs intégrés et la durabilités des centrales. « La région a une vision imprécise de la production photovoltaïque sur son territoire. L’étude permettra de situer les actifs et de donner une vision aux services concernés », explique Noémie Poize.

C’est l’Ademe qui finance cette mission avec l’intention de connaître les forces en présence et en puissance afin de recadrer les ambitions qui seront mises en application dans la nouvelle PPE à venir.

« L’analyse pourrait être menée dans d’autres régions ou d’autres territoire où l’information n’est pas forcément consolidée », souligne Daniel Mugnier, directeur délégué de Planair et président du programme PVPS à l’Agence internationale de l’énergie avec pv magazine. « Cela permet de connaître la tendance, le pipe et le point d’inflexion et en même temps cela donne une perspective sur l’usage du foncier ». Sur ce dernier point d’autres études sont prévues, notamment sur les compatibilités d’usages.

Dijon et le premier quartier à énergie positive de France

Jean-Patrick Masson, Vice-Président en charge de la transition écologique, des déchets, des énergies renouvelables à la métropole de Dijon et porte-parole de France Urbaine a présenté à pv magazine France le projet d’autoconsommation Fontaine d’Ouche qui a pour vocation de créer deux îlots à énergie positive dans le quartier, situé à l’ouest de la ville et inscrit dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, avec 6 952 habitants en 2018.

Graphique : rapport 2020 sur le scénario REPOS (scénario de la trajectoire région Bourgogne-Franche-Comté énergie positive et bas carbone)

Graphique : Scénario de la trajectoire région Bourgogne-Franche-Comté énergie positive et bas carbone

Ce projet est lauréat de l’appel à projet européen « H2020, villes et communautés intelligentes » et s’inscrit dans le programme européen Response qui vise à expérimenter des solutions pour l’autosuffisance énergétique locale et la mise en place de métropoles neutres en carbone. Avec la ville de Turku en Finlande, Dijon est ainsi devenu un démonstrateur européen de ville à énergie positive. Ces deux projets d’autoconsommation collective à grande échelle visent a être reproduits et notamment, dans un premier temps, à Bruxelles (Belgique), Saragosse (Espagne), Botosani (Roumanie), Ptolemaïda (Grèce), Gabrovo (Bulgarie), Severodonetsk (Ukraine).

A Dijon, l’objectif est d’atteindre 120% de production d’énergies renouvelables (par rapport à la consommation du quartier), par l’ajout de mégawatts via les réseaux de chaleur et le déploiement de capacité photovoltaïque. « Le premier point a consisté à déterminer la consommation d’énergie nécessaire, explique Jean-Patrick Masson. L’idée est ensuite de minorer les besoins, par la gestion de l’énergie et la rénovation, puis de travailler sur la partie énergie avec des partenaires privés et publics du territoire, qui étaient intéressés de s’investir sur ce sujet. »

La centrale solaire de l’école Buffon est entrée en production en octobre 2022.

Image : Métropole de Dijon

Les installations déployées comprennent, en plus des panneaux photovoltaïques, des solutions de stockage d’énergie et des capteurs destinés à réguler et à optimiser la consommation énergétique. « La diminution des consommations est couplée, quasiment exclusivement, avec le développement solaire », précise Jean-Patrick Masson. Pour ce faire, la rénovation des bâtiments est accompagnée d’un déploiement de panneaux en toiture. Des ombrières génériques complètent la puissance installée sur les toits, sachant que la puissance installée finale devrait être atteinte fin 2023. Un rapport final sera rendu en 2025, avec un compte-rendu des résultats annuels d’ici là.

A l’échelle régionale cette fois, Bertrand Aucordonnier de l’Ademe affirme que l’un des principaux chantiers des prochains mois sera celui du développement solaire sur sol agricole. Il faudra mieux comprendre et accompagner les déploiements à venir. L’un dans l’autre, il constate un fort mouvement d’intérêt et un nombre grandissant de demandes liés au solaire photovoltaïque : « c’est lié à l’augmentation du prix de l’électricité, notamment pour les entreprises, que ce soit dans l’industrie ou dans le tertiaire ». « Dans le passé, le seuil limite à 100 kWc du guichet ouvert nous a bloqué », et notamment sur le développement de l’énergie citoyenne et les projets agrivoltaïques innovants, ajoute le représentant de l’Ademe. L’ouverture des tarifs d’achat automatiques à 500 kWc de puissance en octobre 2021 a donc facilité le développement d’installations solaires à petite et moyenne échelle.

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