L’Allemagne se dirige-t-elle vers la mise en place d’un « bonus de résilience » pour favoriser les panneaux européens ?

Share

En Allemagne, les autorités réfléchissent à un « bonus de résilience » qui permettrait de soutenir l’industrie solaire européenne tout en contournant la problématique du protectionnisme, gros tabous des politiques européennes.

Si le sujet est à l’origine de nombreux débats, même au sein de l’industrie solaire allemande, il met en exergue une solution imaginée pour permettre aux fabricants européens de se positionner face à une concurrence internationale très agressive.

Une partie de l’industrie solaire européenne en lutte

En Chine ou aux Etats-Unis, l’industrie solaire est subventionnée à différents niveaux afin de favoriser et de soutenir la croissance du secteur de la fabrication. Résultat : les fabricants européens ont de grandes difficultés pour s’imposer et même survivre. S’il en va de même dans d’autres secteurs industriels, les acteurs du solaires ne veulent pas baisser les bras. D’autant plus que la loi sur l’industrie nette zéro (NZIA) de la Commission européenne exige que 40 % de ses propres besoins soient produits dans l’UE d’ici 2030.

« Parmi les industries clés du 21e siècle, l’industrie solaire est l’une des plus importantes et des plus critiques d’un point de vue stratégique », martèle Gunter Erfurt, en introduction de sa lettre ouverte « pour une industrie solaire européenne plus forte » publiée ce dimanche 25 février. Le président directeur général de Meyer Burger a souhaité se positionner au côté des fabricants européens à la suite de l’annonce de la fermeture de son usine de Freiberg en Allemagne qui devrait intervenir en avril. « La Chine est un partenaire important et doit le rester à l’avenir, a toutefois nuancé le dirigeant. […] Et ce n’est pas non plus la Chine qui nous a forcés à devenir dépendants d’elle. C’est nous, Européens, qui avons sciemment laissé faire jusqu’à présent, alors que les États-Unis, l’Inde et d’autres régions sont en train de construire leurs propres industries solaires solides. »

Le « bonus de résilience » : une idée en discussion en Allemagne

La solution pensée en Allemagne ressemble à une astuce : il faut favoriser l’adoption de modules européens plutôt que de bloquer l’arrivée de modules chinois. C’est ainsi que le « bonus de résilience » a été introduit dans les conversations en tant qu’alternative à la hausse des droits de douane.

« Le bonus de résilience intervient pour répartir les surcoûts de la production européenne à chaque étape de la production sur les coûts de production de l’électricité. Dans un souci d’équité, le paiement du bonus est effectué sur le kilowattheure produit et non sur le kilowattheure injecté dans le réseau. Cela signifie que le client a des coûts d’investissement plus élevés pour les produits européens, mais que ceux-ci seront compensés par les 20 ans de rémunération de la loi sur les énergies renouvelables (EEG) », explique Sandra Enkhardt, directrice de l’information de pv magazine Allemagne dans un récent article à ce sujet.

Des études récentes du Fraunhofer ISE ont permis de faire des projections du modèle. Selon les informations exclusives de pv magazine Allemagne, l’institut proposerait de commencer par une prime plafonnée à 3,42 centimes par kilowattheure qui serait appliquée au tarif de rachat pour les installations intégrant des modules solaires fabriqués en Allemagne et en Europe. Le bonus de résilience pourrait ensuite diminuer progressivement à partir de 2027 et devenir superflu d’ici 2030. Les coûts totaux sont estimés à 8,7 milliards d’euros et l’investissement permettrait de soutenir des capacités de production totalisant 26,4 GW tout au long de la chaîne de valeur photovoltaïque.

Une mesure qui ne fait pas l’unanimité

Le « paquet solaire 1 » pourrait être discuté au Bundestag à la mi-mars (soit plus d’un an après les premières tentatives d’introduction de la mesure), si la commission du Bundestag chargée de la protection du climat et de l’énergie arrive à un accord sur la proposition. Le retard est dû à des questions liées au financement de l’opération et à des désaccords politiques sur l’organisation d’appels d’offres intégrant la fameuse prime à la résilience.

Côté industrie, de même qu’en France, certains acteurs du secteur solaire allemand ne penchent pas pour l’option discriminatoire pour favoriser le marché photovoltaïque. La jeune pousse Enpal qui vend des panneaux solaires en crédit-bail et la licorne 1Komma5° qui a poussé à Hambourg avec des solutions de gestion de l’énergie s’opposent formellement à la mesure du bonus de résilience. Affaire à suivre…

Ce contenu est protégé par un copyright et vous ne pouvez pas le réutiliser sans permission. Si vous souhaitez collaborer avec nous et réutiliser notre contenu, merci de contacter notre équipe éditoriale à l’adresse suivante: editors@pv-magazine.com.