Solreed répare et re-certifie les panneaux solaires défaillants des centrales au sol en exploitation

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Incubée au CEA, le projet Solreed développe une solution de réparation, re-qualification et de re-certification des panneaux solaires. L’idée est d’intervenir avant la fin de vie, directement sur les centrales, pour réparer les modules présentant des signes de défaillance ou de panne.

Fin mars, la jeune pousse a annoncé un partenariat avec Engie Green pour accéder à un important gisement de modules installés en fonctionnement. « Engie possède environ six millions de modules en exploitation en France, parmi lesquels quelques milliers de panneaux sont remplacés chaque année », explique Matthieu Verdon, co-fondateur de Solreed, lors d’un entretien avec pv magazine France. Les réparations peuvent viser des défauts électroniques ou sériels, « mais pas les dommages causés par la grêle ». Elles permettent de rallonger la durée de vie du panneau sachant que les premiers signes de défaillance ou de panne interviennent en général entre 7 et 10 ans d’exploitation. Jusqu’à présent, ces modules sont remplacés (soit à partir du stock privé de l’exploitant, soit en nouvelle production à la demande) et rejoignent le circuit des panneaux en fin de vie coordonné par Soren. « Sur ce gisement, nous avons constaté que 50 % des panneaux récupérés et audités pouvaient encore fonctionner », déclare Matthieu Verdon. En plus de la double pollution causée, l’opération est coûteuse et peut avoir un impact sur la production de la centrale elle-même.

Solreed propose d’identifier les modules défaillants par drone et développe une solution logicielle d’identification des pannes automatisée, qui intègre une base de données modules enrichie des caractéristiques des modèles et de leurs « talons d’Achille » (pannes fréquentes), ainsi qu’un protocole de réparation pour chaque référence et dans le respect des normes et certifications.

D’après Luc Federzoni, co-fondateur de la jeune pousse, les essais réalisés au CEA à l’été 2023 sur une centaine de modules permettent de retrouver les performances de fonctionnement normal du module. Concrètement, un panneaux réparé retrouve le rendement qu’il aurait eu sans panne – c’est-à-dire l’efficacité initiale moins la perte de rendement annuelle liée à la dégradation normale de la performance.

Du diagnostic à la réparation

« Nous développons du diagnostic du module en cours de vie », résume le spécialiste. Les problématiques les plus courantes constatées sont les défauts de backsheet, les défauts  dans les boites de jonction, et, plus à la marge, l’opacification et l’oxydation des modules. Le défi, et la principale brique de développement de Solreed, est de disposer d’une solution efficace pour identifier et détecter au bon moment le défaut et l’impact de la défaillance. L’enjeu est simple : si les délais sont trop importants, la réparation est plus difficile, plus coûteuse et l’impact sur la production de la centrale peut être significatif. Et pour ce faire, la jeune pousse travaille à une solution logicielle au sein du CEA, qui prend en compte le fonctionnement des centrales en temps réel pour identifier les défaillances techniques.

Côté réparation, l’industrialisation de la méthode validée au CEA et le passage à l’échelle pour adresser des milliers de panneaux, engagent de nouvelles phases de développement. « Il y a une phase de R&D pour la réparation dans le respect des normes, notamment les IEC 61 215 et IEC 61 730, puis pour la qualification de la réparation, explique Luc Federzoni. C’est ensuite que l’on peut mettre en place un protocole de réparation sur la référence connue, sachant qu’une référence peut couvrir jusqu’à un million de panneaux. »

Dans cette approche systématique, Solreed a identifié un problème pratique : l’acheminement des panneaux cause régulièrement des dommages collatéraux aux modules et notamment du bris de glace. Par ailleurs, « les innovations technologiques constantes dans le domaine du photovoltaïque modifient sans cesse puissance et taille et compliquent leur intégration sur les centrales ». Alors la jeune pousse a envisagé de développer une borne de réparation tout-intégré et mobile, capable de réaliser un cycle complet de maintenance démontage-diagnostic-réparation-remontage sans quitter la centrale solaire.

« Surveillance centrales 2.0 »

La feuille de route de Solreed se déroule à trois ans, en particulier sur la partie recherche et développement (R&D). L’objectif est d’affiner, d’enrichir et d’industrialiser le suivi des performances des centrales photovoltaïques en direct, afin d’identifier les défaillances en temps réel. Luc Federzoni précise qu’un volet organisationnel devrait permettre au projet d’articuler efficacement les différentes équipes et les prestataires pour les interventions.

Enfin, et c’est sûrement le plus important, Solreed pourra développer une large base de données modules, ce qui permettra d’identifier rapidement les pannes les plus fréquentes, les modes de réparation et les caractéristiques du panneaux, notamment pour la re-qualification. Elle est le gage de l’efficacité de la méthode et de l’application du protocole de réparation adapté à la référence module.

« D’ici trois ans, tout le processus sera opérationnel », affirme Luc Federzoni. Ensuite, la société cherchera à continuer d’enrichir sa base de données avec de nouveaux partenaires et, très rapidement, à viser l’Europe et ses quelque 263 GW installés.

Solreed est incubée au CEA depuis plus d’un an et demi via le programme de maturation Magellan d’où elle tire une partie de sa dotation. Elle bénéficie aussi d’une bourse French Tech LAB (BFT LAB) de bpiFrance et a déposé un dossier de subvention à l’Ademe pour la continuité de ses activités. D’ici la fin de 2024, Solreed devrait prendre son indépendance et devenir une société autonome au terme d’une levée de fonds : dette, financement institutionnel et prises de participation sont envisagés, mais pas encore définis.

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