D’après pv magazine international.
Les prix du polysilicium ont chuté à 6,70 $ (6,3 euros) /kg la semaine dernière, après être restés stables à un niveau historiquement bas de 8 $ (7,52 euros) /kg tout au long des premiers mois de 2024.
« Cela a contribué à environ 50 % de la baisse concomitante des prix des modules, qui étaient également restés stables pendant les premiers mois de 2024, passant alors de 0,130 $/W à 0,122 $/W », a déclaré Andries Wantenaar, analyste solaire chez Rethink Technology Research, à pv magazine. « Il s’agit là des prix pratiqués en Chine, avant toute expédition et application de droits de douane ».
Selon Andries Wantenaar, cette baisse est due à une surcapacité de production massive. Il a noté que plusieurs autres installations représentant plus de 100 000 tonnes de capacité, qui seront mises en service ce mois-ci, feront également baisser les prix.
« La baisse des prix a été particulièrement notable pour le polysilicium de type n, car ces nouvelles installations étaient de cette qualité », a-t-il expliqué, notant que la Chine a atteint une capacité de production de 2,4 millions de tonnes à la fin de 2023, avec 1,43 million de tonnes de production, ce qui correspond à environ 550 GW. « Avec une adoption un peu plus poussée de wafers plus fins, 2,4 millions de tonnes suffiraient à produire 1 000 GW de solaire dès lors que le taux d’utilisation de 2,4 g/W serait atteint. »
Selon Andries Wantenaar, il n’est pas utile de commencer la construction de nouvelles installations à ce stade. « La période de construction est de 18 mois et les prix étaient encore bons il y a 10 mois. Si tout ce qui a été annoncé est construit, la Chine terminera l’année 2024 avec une capacité de production de 4 millions de tonnes, et en 2023, le chiffre maximum pour toutes les installations potentielles était de 7 millions de tonnes. Cependant, la moitié de ce projet dépendait des conditions du marché et a donc été annulé. »
L’analyste estime que la nouvelle baisse du prix du polysilicium n’est pas particulièrement importante en termes absolus, mais il reconnaît qu’il ne doit rester qu’une très faible marge bénéficiaire.
« Dans le passé, le coût marginal de production était de 7 $/kg, mais avec l’ajout d’un grand nombre d’installations modernes au cours des deux dernières années, nous pensons que ce coût a considérablement baissé », a-t-il expliqué. « Daqo New Energy a récemment déclaré que son coût marginal de production pour le quatrième trimestre 2023 n’était que de 40,69 CNY (5,60 $)/kg, alors que le coût annuel de Daqo, ventes comprises, était de 6,70 $/kg, soit le prix actuel du marché. »
Si l’industrie mondiale du polysilicium atteint une capacité de 3 millions de tonnes (1 250 GW) dans le courant de l’année, il s’agirait d’une surcapacité deux fois supérieure aux besoins, même par rapport à la demande mondiale théorique de 2025, qui est de plus de 600 GW. Cela signifierait que seules les 50 % de capacités de production les plus rentables resteraient opérationnelles.
« La surcapacité et la concurrence acharnée qu’elle entraîne obligent actuellement toutes les entreprises à réduire leurs coûts et à devenir aussi rentables que possible, c’est donc une cible mouvante », a déclaré Andries Wantelaar. « Mais nous prévoyons que le prix du polysilicium restera supérieur à 5,50 $/kg pendant au moins un an. Les prix des modules devraient tomber à 0,110 $/W, ce qui correspondrait à la moitié du prix par rapport au point bas de la mi-pandémie en 2020, d’ici la fin de 2024. »
Le reste de la chaîne d’approvisionnement connaît également une phase de surproduction combinée à une augmentation du nombre d’usines. Seules quelques niches, telles que la pâte d’argent et le quartz de haute pureté, ne sont pas concernées par cette situation. En ce qui concerne les perspectives à court terme, il est également possible que les prix augmentent légèrement au cours des troisième et quatrième trimestres en raison de la hausse saisonnière de la demande, mais qu’ils chutent à nouveau au cours du premier trimestre de l’année 2025.
Andries Wantelaar a déclaré qu’il était difficile de faire des prévisions concernant d’éventuelles fermetures d’usines. « Pour l’instant, il semble que les taux d’utilisation soient très faibles tout au long de la chaîne d’approvisionnement, certains atteignant même 20 %. La plupart des extensions de capacité de production ont été réalisées par les géants préexistants, bien qu’il y ait quelques nouveaux venus. Il est difficile de dire qui sera le premier perdant ».
Traduit par Marie Beyer.
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