L’éco-organisme Soren en charge de la collecte et du traitement des panneaux photovoltaïques usagés en France a présenté un bilan 2024 marqué par une nette accélération de son activité. Au total, 9 477 tonnes de panneaux ont été collectées sur l’année, soit une hausse de 82 % par rapport à 2023. Une progression spectaculaire pour une filière encore balbutiante il y a une décennie : en 2015, seuls 366 tonnes avaient été prises en charge.
Avec 67 % de taux de collecte, la France se positionne désormais comme troisième pays européen en matière de performance, derrière l’Autriche et la Finlande – et devant l’Allemagne et l’Espagne, les deux pays en tête de file du photovoltaïque européen.
L’objectif fixé aujourd’hui par l’Union européenne est un taux de collecte de 85 %, établi sur la base d’une projection de l’évolution du gisement solaire en Europe. La France atteignait ce niveau il y a encore 3 ou 4 ans (avant la crise du Covid), mais le développement de marchés parallèles en “zones grises” permet à de nombreux panneaux de passer entre les mailles du filet et de se retrouver dans des filières d’exportation non réglementées.
Réseau de collecte et financement de la filière
En France, le réseau de collecte compte aujourd’hui quelque 319 points et continue de s’étoffer. Le marché doit en effet faire face à la montée en puissance des volumes à traiter. Plus de 400 000 tonnes de panneaux ont été mises sur le marché en cumulé, soit environ 17 millions de modules qui sont, ou seront à terme, à prendre en charge.
Soren estime que 600 millions d’euros seront nécessaires pour financer le démontage et le recyclage de ce parc national. À ce jour, l’éco-organisme a sécurisé 30 millions d’euros de provisions, alimentées par les éco-contributions et son produit d’épargne. À noter que le coût réel de traitement dépasse les 5 euros par panneau, tandis que les recettes issues du recyclage des matériaux ne représentent qu’environ 1,5 million d’euros.
Pour rappel, le financement de la filière repose sur les éco-contributions versées par les metteurs sur le marché. En 2024, Soren comptait 549 contributeurs (principalement des EPC et des distributeurs) qui ont versé au total 8 millions d’euros, pour une éco-participation moyenne de 0,53 euro par panneau.
Recyclage avancé, éco-conception et bonus pour éco-modulation
Côté innovation, l’éco-organisme s’appuie sur des projets européens comme CABRISS, dédié au recyclage en boucle fermée des matériaux stratégiques, ou Photorama, qui vise à structurer une filière européenne autour du recyclage des panneaux photovoltaïques, pour améliorer la récupération des métaux critiques, notamment l’argent et le silicium. Et pour cause : Soren a pris le “pari” du recyclage à haute valeur ajoutée.
Dans cette logique, il a lancé Soren Boost, un appel à projets qui vise à accélérer la mise en place de solutions innovantes de recyclage à l’échelle industrielle. Ouvert aux jeunes pousses, aux laboratoires de recherche et aux entreprises établies, le dispositif soutient les initiatives capables d’optimiser le démantèlement, d’améliorer la séparation des matériaux ou de valoriser plus efficacement les composants critiques.
Autre axe fort de 2024 : la mise en place de critères d’écomodulation destinés à encourager l’éco-conception, ou l’approvisionnement en panneaux moins gourmands en ressources. Les producteurs peuvent désormais bénéficier d’un bonus si leurs panneaux contiennent moins de 14 mg d’argent par watt-crête. Un seuil qui, considéré comme « très ambitieux » il y a deux ans encore, apparaît aujourd’hui presque modeste au regard de l’évolution rapide des technologies. Car la tendance à la baisse est déjà bien engagée dans la filière PV : les panneaux contenaient en moyenne 70 mg d’argent par watt-crête en 2010, 20 mg en 2020, et, pour certains, un peu moins de 15 mg aujourd’hui.
L’évolution technologique du secteur photovoltaïque soulève la question du traitement futur des nouveaux modules (pérovskite, cellules tandem, panneaux souples – organiques ou autres) qui nécessiteront de nouvelles techniques de recyclage. Ces technologies restent toutefois encore largement marginales dans le parc installé, et ne font donc pas encore l’objet de recherches spécifiques. Car pour l’heure, la priorité reste donnée au silicium cristallin, encore ultra-dominant dans les volumes à traiter !
Rendez-vous demain pour les perspectives du réemploi des panneaux solaires dans la filière française.
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