« La baisse des tarifs S21 booste la demande pour le stockage résidentiel »

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Les organisateurs du salon BePositive, qui s’est tenu à Lyon du 25 au 27 mars à Eurexpo, ont fait savoir que cette édition 2025 a réuni 504 exposants et 27 570 professionnels sur trois jours, soit une hausse de 3 % par rapport à 2023. Cette année, dans le hall 3 consacré aux énergies renouvelables, le contexte réglementaire a largement alimenté les discussions dans les allées et les stands. La tenue du salon a en effet coïncidé avec la publication des nouveaux tarifs de vente du surplus pour les installations photovoltaïques de moins de 500 kWc. En particulier sur le secteur de moins de 9 kWc, la baisse est brutale : après avoir connu une chute de 40 % en un an, la prime à l’autoconsommation est à nouveau divisée par deux à partir du 28 mars à 80 euros/kWc. Le tarif d’achat du surplus est quant à lui divisé par trois, passant de 12,7 ct€/kWh à 4 ct€/kWh.

Une édition BePositive 2025 très politique, avec l’organisation d’une manifestation du CDPF sur le salon.

Image : Marie Beyer

« Nous ne savons pas comment les particuliers vont réagir à cette annonce, d’autant que la baisse de la TVA à 5,5 % n’interviendra qu’en octobre, s’est ému auprès de pv magazine France Bruno Rosec, président du Collectif pour la défense du photovoltaïque (CDPF) et installateur dans le Finistère. Beaucoup de nos collègues s’inquiètent pour les mois à venir ».

Le stockage, nouvelle carte à jouer…

De fait, dorénavant, le prix moyen actuel de l’électricité en France est de 0,2146 €/kWh, tandis que le prix de rachat de l’énergie solaire nouvellement communiqué est de 0,04 €/kWh. « Il faut continuer à communiquer auprès du grand public pour qu’il n’abandonne pas l’idée d’investir dans le solaire », a réagi Hello Watt. Le fournisseur d’électricité avance pour cela comme argument le fait que le prix de l’électricité va irrémédiablement continuer à augmenter en France, avec la fin en 2026 du dispositif d’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH). De plus, « le coût des installations solaires baisse, poursuit Hello Watt. Les prix des panneaux ont chuté de plus de 30 % en un an. Il faut compter aujourd’hui respectivement 7 000, 11 000 ou 14 000 € pour une installation de 3, 6 ou 9 kWc. Une borne de recharge rapide IRVE coûte environ 1 500 €, et une batterie entre 4 000 et 8 000 €, en fonction de sa taille ».

Des prix et des jeux solaires

En marge du salon BePositive se sont tenus les BePositive Awards qui ont récompensé :

Dans la Catégorie Production EnR • Lauréat du jury : Soprasolar avec Soprasolar Light • Prix du public : Solaredge avec Solaredge one for C&I ;

Catégorie Bois énergie • Lauréat du jury : N2AIR avec la solution N2AIR • Prix du public : Ökofen avec Pellematic Condens XL 100-130 KW ;

Catégorie Bâtiment & Construction • Lauréat du jury : Vicat avec Carat • Prix du public : Edilians avec Easy Roof Intégration ;

Catégorie Génie Climatique & Électrique • Lauréat du jury : Unical avec Modulex H% • Prix du public : Ecobulles avec C02CALC.

Enfin, félicitations à l’équipe d’installateurs de la société Isowatt qui a remporté le crochet d’or lors des Jeux solaires européens.

De son côté, le fournisseur de solutions solaires Otovo avance des fourchettes à peu près similaires : selon lui, une batterie de capacité de 5 kWh, qui se vendait environ 3 045 € en novembre 2021, ne coûtait plus que 2 195 € en décembre 2024, soit une diminution de 28 %. « Cette réduction des coûts, combinée à la hausse des prix de l’énergie, incite de plus en plus de propriétaires à intégrer des batteries à leurs installations solaires », explique-t-il.

Avec la baisse des prix, nombre d’installateurs nous ont donc confié qu’il avait rapidement commencer à élargir leur gamme avec du matériel de stockage résidentiel. « La baisse des tarifs S21 booste la demande pour le stockage résidentiel : cette semaine, j’ai réalisé quatre ventes de batteries auprès de particuliers, c’est plus que ces deux dernières années », nous a fait savoir un installateur, qui dit sentir un « tournant ».

« Nous encourageons notre réseau d’installateurs à aller dans ce sens, relate Maaty Bouanane, responsable France d’Enphase Energy. Un installateur qui a vendu un système photovoltaïque à un client peut revenir vers lui en lui proposant une batterie, un système de pilotage du ballon d’eau chaude ou de la pompe à chaleur ou une borne de recharge, ce qui permet de gonfler ses ventes. Nous avons d’ailleurs constaté que la moitié des bornes de recharge de véhicules électriques IQ EV Charger 2 activées ces dernières semaines l’ont été sur des centrales PV existantes ».

… pour ceux qui le peuvent

Toutefois, si en théorie, les membres du CDPF, positionné sur la défense des TPE-PME, estiment que l’élargissement des gammes de produits dans le stockage et le pilotage est une bonne solution, ils craignent pour la survie des plus petits. « Il faut des mois pour faire muter une gamme, observe Floriane de Brabandère, porte-parole du collectif qui a organisé sur le salon BePositive une marche de la filière. De plus, il faut avoir financièrement les reins solides, ce qui n’est pas le cas de tous les installateurs. Ce que nous redoutons, c’est qu’une concurrence déloyale s’installe, au profit des grands groupes qui vont truster le marché ». Sur les 67 000 emplois dans la filière photovoltaïque, directs et indirects, le CDPF estime ainsi que 20 000 emplois sont directement menacés par la réforme du tarif S21.

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