Le Palais de la Bourse, en plein cœur de Bordeaux, a ouvert ses portes ce 20 mai au Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui y organise son 10ᵉ colloque national dédié au photovoltaïque. Un lieu emblématique, connu des touristes et photographes, transformé pour un jour en agora du solaire. Plus de 370 personnes s’y sont réunies : développeurs, institutionnels, élus et acteurs de la filière venus débattre des enjeux d’un secteur en tension. Avec la PPE en attente, des signaux contradictoires et de récents arbitrages défavorables, l’ambiance oscille entre impatience, lucidité et besoin de clarté. Et une touche d’optimisme !
En introduction, place au discours protocolaire d’accueil du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui a souligné le rôle moteur de la ville (des métropoles) dans la transition énergétique et rappelé que la Nouvelle-Aquitaine, région hôte était la première région renouvelable de France. Le vice-président du conseil régional, Guillaume Riou, développe quant à lui un point de vue : l’ambition de faire des énergies renouvelables rurales un levier pour irriguer l’économie nationale. Mais derrière les discours d’intention, les tensions affleurent.
Car Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, n’a finalement pas fait le déplacement. À la place d’un discours, nous visionnons une intervention vidéo, reçue avec un mélange de curiosité et de réserve. Le ministre y évoque, avec un ton énergique, l’objectif gouvernemental de renforcer la place du solaire dans le mix électrique et de limiter le recours aux énergies fossiles importées. Il rappelle la publication de la PPE d’ici la fin de l’été, adossée à la proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet. Mais aucun mot sur la baisse récente des tarifs, pourtant au cœur des préoccupations de la filière. Ni sur les derniers rétropédalages législatifs. Une absence remarquée, qui a laissé l’audience dubitative…
Jules Nyssen, président du SER, reprend les rênes du concret : demande de visibilité, appel à une loi de programmation énergétique (depuis 2023 !), refus catégorique de nouvelles coupes dans un secteur déjà mis à mal. Face à une stratégie nationale toujours marquée par la centralisation – et par la prédominance du nucléaire – les acteurs du solaire réclament plus de flexibilité, moins de contraintes administratives et surtout, une visibilité réglementaire fiable. « Le solaire, c’est l’électricité pour tous », insiste-t-il, invoquant ses aspects d’innovation, de souveraineté et son bas prix.
Perspectives 2030 : le solaire s’impose, la France s’entête ?
Gaëtan Masson, directeur du Becquerel Institute, vient quant à lui remettre les chiffres au centre du débat : le solaire représente aujourd’hui 10 % de la demande énergétique globale (contre 9 % pour le nucléaire) et atteindra 13 % en 2025, puis 16 % en 2026. En Europe, il couvrira 25 % de la demande en 2030, avec 100 GW de photovoltaïque installés. Quand le photovoltaïque couvre entre 15 et 30 % de la demande, cela soulève de nouvelles problématiques. Pas ingérables, mais qui demandent une gestion adaptée. C’est le cas en Espagne, par exemple.
Ces chiffres impressionnants font aussi trembler les bastions du « must run », ces centrales traditionnelles conçues pour tourner en continu. Elles sont menacées non seulement par les prix très bas du solaire, mais aussi par son fonctionnement variable, ainsi que par la croissance globale des énergies renouvelables qui entraîne des occurrences fréquentes de prix négatifs.
« La France vit dans une réalité parallèle », lâche-t-il, soulignant l’écart grandissant entre l’approche hexagonale, encore largement dominée par une communication pro-nucléaire, et les dynamiques en cours ailleurs en Europe. D’ailleurs, pour industrialiser le secteur solaire comme annoncé, il faudra faire équipe avec les autres pays européens, car aucun pays en Europe n’est assez grand pour représenter un marché viable et suffisant pour construire une industrie solide. Ce sera pareil pour le solaire.
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