150 personnes ont répondu présent à la rencontre organisée par la Suntech, le 25 septembre dernier à la Villa Gabriel (Paris 16e), autour de la flexibilité, du solaire et des réseaux intelligents. Avec, pour ce nouveau rendez-vous mensuel dédié à la transition énergétique, deux invités de marque : Vincent Maillard, président d’Octopus Energy France, et Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE (Réseau de Transport d’Électricité).
Accueillis dans les locaux de Symphonics, scale-up française spécialisée dans le pilotage intelligent des équipements de production, de stockage et de consommation d’électricité, les adhérents de la Suntech ont eu droit, en préambule, à une présentation des activités de la société, fondée par Mathieu Rochard, en 2023. « Avec déjà plus de 350 000 équipements pilotés, Symphonics accompagne aussi bien les particuliers que les entreprises et collectivités, qui voient dans la maîtrise de la demande un enjeu économique et stratégique ». Selon son directeur général, « l’énergie ne doit plus être subie. Face à la volatilité des prix et aux enjeux environnementaux, chacun doit pouvoir reprendre le contrôle de sa consommation. Et l’énergie pilotée est une réponse concrète à une préoccupation qui concerne tout le monde ».
Grâce à sa plateforme connectée, Symphonics permet de réduire les factures d’énergie et l’empreinte carbone de ses clients, en décalant automatiquement leurs consommations vers des heures où l’énergie est la moins chère et la moins carbonée. Reconnu par RTE et Enedis comme opérateur de flexibilité, acteur d’ajustement et agrégateur, Symhonics devrait obtenir le statut de fournisseur d’énergie dans les prochaines semaines.
Dans une ambiance toujours très conviviale, ce fut au tour de Vincent Maillard, président d’Octopus Energy, de s’exprimer devant une assistance composée en majorité de jeunes entrepreneurs engagés dans la transition énergétique. À l’image de Florian Guinet, cofondateur de Zilo Energie – dont on apprendra la dernière levée de fonds de 1,8 million d’euros réalisée auprès d’Enerfip pour le déploiement d’un portefeuille de 500 installations photovoltaïques en autoconsommation en France – ou de Corentin Cabanis, représentant de Solteo, fondateur de la Suntech aux côtés d’Enrise, de Kolverr et d’Ensol.
« Conquérir de nouveaux usages électriques »
De l’intervention du président d’Octopus Energy, on retiendra l’expression du bon sens, dans un contexte qui semble en être dépourvu : « Le problème, voire le danger, auquel nous sommes confrontés, c’est la désinformation : les gens qui disent tout et n’importe quoi ! Notre sujet principal, c’est électrifier et non pas se disputer entre électriciens sur les moyens de le faire, en opposant solaire, éolien et nucléaire. Notre enjeu, c’est bien de conquérir de nouveaux usages électriques, comme le chauffage, la pompe à chaleur, la batterie pour plus de flexibilité, la voiture électrique. Notre rôle, en tant que fournisseur d’énergie, c’est de rendre la nécessaire transition énergétique la plus attractive possible ».
Et Vincent Maillard de prêcher pour sa paroisse en annonçant le lancement, il y a quelques jours, d’une offre de forfait illimité de recharge pour véhicules électrique à 30 euros par mois. Sous réserve, toutefois, de vivre en maison individuelle et d’accepter de laisser Octopus gérer les horaires de recharge…
Dans le même esprit, le producteur britannique a lancé « Solaire Plus », une offre de rachat du surplus de production à l’ancien prix du S21, soit 12 centimes d’euro au lieu de 4 centimes. « En contrepartie, notre client doit s’équiper d’une batterie de stockage et doit nous laisser piloter les moyens de flexibilité et manager sa consommation électrique. On le fait déjà s’agissant de nos propres installateurs, mais aussi avec tous ceux qui peuvent être intéressés », précise Vincent Maillard. À bon entendeur…
Des règles à respecter
En invitant en « guest star » le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk – reconduit dans ses fonctions pour cinq ans cet été –, les organisateurs de la soirée espéraient réserver à leurs invités le meilleur pour la fin. Aussi brillant fut-il, son exposé, franc, direct et transparent, a pourtant contribué à rafraîchir quelque peu l’atmosphère…
Dans son intervention, le grand commis de l’État a commencé par une annonce relative au plan d’investissement sur quinze ans de RTE, d’un montant de 100 milliards d’euros, nécessaire pour transformer et adapter le réseau de transport d’électricité. « Ce plan vous concerne un petit peu si vous êtes impliqués dans l’électrification des usages. Sachez qu’il est actuellement en débat public, auquel je vous invite à participer. Il est important pour nous que vous vous y exprimiez. Vos contributions, que je serai très content de recevoir, seront la contrepartie de ma petite conférence de ce soir (sourire) ! »
Sachant que le plan d’investissement part d’une hypothèse de production d’énergies renouvelables de 135 GW en 2040, que la production aujourd’hui en service est de 48 GW et que les files d’attente représentent 46 GW, « la balance n’est pas si importante que ça », en déduit logiquement Xavier Piechaczyk, qui assure que « RTE n’a en tout cas pas prévu de raccorder les 300 GW de projets d’énergie renouvelable aujourd’hui en concertation dans l’ensemble de territoire ». Même si, rappelons-le, 95 % des capacités photovoltaïques, en France, dépendent d’Enedis et non du réseau RTE, sur lequel sont raccordées directement les centrales solaires de plus de 12 MW (17 MW par dérogation).
Le premier message du président de RTE aux professionnels du solaire est clair, « sympathique, mais sans plus » : « Nous ne sommes pas dans un monde où tout peut monter jusqu’au ciel partout, où les réseaux suivront, car c’est juste impossible, faute de place. Le sous-jacent de notre plan, je viens de vous le donner. Il permet votre développement, mais il y a des limites ».
Quant à la flexibilité, dont les besoins augmenteront de 85 % d’ici 2035 en volumes annuel, elle va nécessiter, selon Xavier Piechaczyk, des efforts sur la gestion combinée de la courbe de charge de production et de la courbe de charge de consommation.
« Ce n’est pas parce qu’il existe aujourd’hui un espace économique pour la flexibilité que tout va se faire spontanément. Un système électrique, ça marche avec des règles. Si elles ne sont pas respectées, le système ne fonctionne pas. À RTE, on a un plan pour ça. Il faut d’abord faire des efforts sur la visibilité partagée de l’information. Saviez-vous que tout producteur de plus d’1 MW devait nous envoyer sa courbe de programmation ? 95 % des producteurs ne le font pas, alors qu’un règlement européen l’impose. Eh bien, il va falloir l’appliquer en droit français, Ça ne fait pas mal, je vous rassure, et on va le faire progressivement ».
« La rançon de l’âge adulte »
Idem concernant les épisodes de prix négatifs, durant lesquels « aucun producteur ne transmet à RTE sa programmation de coupure d’installation », alerte Xavier Piechaczyk. Un oubli qui peut faire perdre plusieurs GW de production électrique en seulement quelques minutes, comme ce fut le cas au printemps dernier. « Il va falloir qu’on fasse collectivement des progrès là-dessus », insiste-t-il. Silence dans la salle.
Après s’être réjoui que les productions d’EnR de + de 10 MW puissent désormais faire des offres à la baisse sur les mécanismes d’ajustement, le président de RTE a consacré la fin de son intervention à la gestion dynamique de la fenêtre opérationnelle. Attention, piste rouge ! « Toute la question est de savoir comment on gère les dynamiques sur les systèmes électriques en temps réel. Et pour ça, là aussi, les choses ont vocation à changer, en travaillant notamment sur les rampes », affirme-t-il. RTE ouvre parallèlement avec les représentants du solaire des chantiers sur le maintien de tension, cause principale du black-out espagnol. Objectif : faire en sorte que les installations de production restent connectées sur le réseau même en cas de perte de tension, les EnR aidant au réglage, en servant de point d’accrochage.
Et Xavier Piechaczyk de conclure : « Ce qui est important, dans un monde où on arrive à marcher sur ses deux pieds avec le nucléaire et les EnR, c’est que tout le monde accède aux mêmes droits et mêmes devoirs. C’est pour les énergies renouvelables, et le solaire en particulier, la rançon de l’âge adulte ».
Ce contenu est protégé par un copyright et vous ne pouvez pas le réutiliser sans permission. Si vous souhaitez collaborer avec nous et réutiliser notre contenu, merci de contacter notre équipe éditoriale à l’adresse suivante: editors@pv-magazine.com.
En transmettant ce formulaire vous acceptez que pv magazine utilise vos données dans le but de publier votre commentaire.
Vos données personnelles seront uniquement divulguées ou transmises à des tierces parties dans une optique de filtre anti-spams ou si elles s’avèrent nécessaires à la maintenance technique du site web. Un transfert de vos données à des tierces parties pour toute autre raison ne pourra se faire que s’il est justifié par la législation relative à la protection des données, ou dans le cas où pv magazine y est légalement obligé.
Vous pouvez révoquer ce consentement à tout moment avec effet futur, auquel cas vos données personnelles seront immédiatement supprimées. Dans le cas contraire, vos données seront supprimées une fois que pv magazine aura traité votre requête ou lorsque le but du stockage des données est atteint.
Pour de plus amples informations sur la confidentialité des données, veuillez consulter notre Politique de Protection des Données.