Quelles seront les contributions des énergies renouvelables à l’économie française jusqu’en 2028 ?

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Quel est l’impact économique du développement des énergies renouvelables prévu par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ? C’est la question que s’est posée le Syndicat des énergies renouvelables. Pour y répondre, accompagné du cabinet EY, il a analysé et modélisé leur contribution à l’économie française sous le prisme de quatre indicateurs : la création d’emplois, la création de valeur ajoutée, les retombées fiscales et l’impact sur la facture énergétique, sur la période 2019-2028.

Le rapport Évaluation et analyse de la contribution des énergies renouvelables à l’économie de la France et de ses territoires démontre que « au-delà des bénéfices en matière de lutte contre le changement climatique, d’indépendance énergétique et de santé publique, les énergies renouvelables apportent aujourd’hui une contribution essentielle à l’économie de la France, et apporteront encore davantage demain », se félicite Jean-Louis Bal le président du SER.

Les contributions de l’ensemble des filières renouvelables

Plus précisément, pour l’ensemble des filières renouvelables étudiées (biocarburant, éolien terrestre, méthanisation, bois énergie, géothermie, pompes à chaleur, éolien en mer, hydroélectricité et solaire), la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) adoptée en avril dernier permettra de générer un dynamisme économique très fort et une valeur essentiellement localisée en France.

« La valeur ajoutée créée par les énergies renouvelables augmente ainsi de 59 % entre 2019 et 2028 en France, pour atteindre 24 milliards d’euros annuels », annoncent les auteurs de l’étude. Ils rappellent à titre de comparaison que ce résultat représente plus de 10 % de la valeur ajoutée totale créée par le secteur industriel en 2018, plaçant ainsi les énergies renouvelables parmi les filières industrielles les plus génératrices de valeur en France.

Cette valeur sera en outre localisée à 80 % en France puisqu’environ 60 % des activités sont ancrées dans les territoires et difficilement délocalisables, notamment l’exploitation et la maintenance, les activités agricoles et l’exploitation forestière. L’économie nationale et les territoires seront ainsi très largement bénéficiaires du développement des énergies renouvelables, dont les apports seront distribués de manière homogène entre les différentes régions françaises. Les retombées fiscales directes des énergies renouvelables vers les collectivités locales devraient atteindre 1,6 milliard d’euros en 2028 (contre 1 milliard d’euros en 2019), estime EY. « Près d’un tiers de ces retombées bénéficient directement aux communes et aux intercommunalités », précise l’étude.

L’emploi est le premier bénéficiaire de cette forte activité économique, souligne le cabinet EY, les salaires correspondant à environ 50 % de la valeur ajoutée créée. Plus de 100 000 emplois devraient être créés. Au total, le nombre d’emplois Équivalent temps plein (ETP) dans les filières renouvelables en France passera de 166 000 en 2019, à 264 000 en 2028.

En particulier, dans les filières électriques, le nombre d’emplois pourrait être doublé : de 54 000 ETP en 2019, il passerait à 100 000 ETP en 2028.

L’étude montre aussi que les retombées fiscales générées par les énergies renouvelables dépassent le montant annuel des soutiens publics consacrés aux différentes filières. En 2028 par exemple, le secteur des énergies renouvelables bénéficiera d’aides de l’État et des Territoires à hauteur de 8,8 milliards d’euros, et contribuera à hauteur de 12,7 milliards d’euros. De plus, la valeur ajoutée créée par les énergies renouvelables fait de ce secteur un contributeur positif à l’économie française : « 1 euro de soutien public investi dans les énergies renouvelables se traduit par 2,1 euros de valeur ajoutée sur les territoires en 2019, et 2,8 euros en 2028 », précisent les auteurs du rapport, ajoutant que la tendance va s’accroître au vu de la compétitivité grandissante de l’ensemble des filières. En particulier, à partir de 2025, le montant des soutiens publics commencera à décroître alors que la valeur ajoutée créée par les énergies renouvelables continuera, elle, d’augmenter.

La filière photovoltaïque

Les ambitions françaises pour cette filière – l’objectif est d’atteindre 44 GW installés en 2028 — devraient générer d’importantes retombées économiques sur le territoire, annonce le SER.

En France métropolitaine, le nombre d’emplois pourrait augmenter de 53 % entre 2019 et 2028 : la filière représentait plus de 17 000 ETP directs et indirects en 2019, et pourrait atteindre 24 000 ETP directs en 2028. La valeur ajoutée et l’emploi du secteur devraient notamment connaître une forte hausse dès 2021-2023, en particulier sur le segment de la construction et de l’installation, prévoit l’étude. « La part relative à l’exploitation des installations est en croissance mais demeurera moins conséquente que la construction et l’installation qui sont intenses en création de valeur ajoutée et d’emplois », ajoute-t-elle.

Dans cette filière, c’est la production d’équipements qui a le plus gros potentiel de croissance, et de création de valeur. « La mise en place d’une politique industrielle renforcée avec une augmentation de la part locale mènerait à une augmentation de 15 % de la valeur économique générée sur la décennie. Cette valeur additionnelle concerne particulièrement la fabrication de modules, d’onduleurs et des structures qui reposent aujourd’hui à plus de la moitié sur des importations », ajoutent le SER.

Dans le secteur des batteries aussi, un investissement dans une filière industrielle française pourrait produire de nombreux emplois et de la croissance. Selon les estimations de l’ADEME, la filière pourrait générer plus de 10 000 ETP à l’horizon 2030, rappelle le SER.

Différents scénarios

Si la PPE fixait des objectifs renouvelables plus ambitieux dans les filières de l’éolien en mer, la méthanisation, le bois énergie domestique et la géothermie électrique – comme le SER le revendique –, une valeur supplémentaire de 21 milliards d’euros sur la période 2019-2028 pourrait être générée, soit 11 % en plus par rapport à la trajectoire PPE actuelle, et 35 000 emplois additionnels pourraient être créés.

En outre, en renforçant les filières industrielles françaises, l’impact de la contribution des énergies renouvelables à l’économie aurait davantage de poids. Par exemple, en diminuant les importations par deux de la production des équipements de la filière solaire photovoltaïque et de l’éolien terrestre, on pourrait respectivement générer 2,5 et 2,6 milliards d’euros pour les territoires français dans la décennie à venir, explique le SER. Le syndicat recommande dans cette optique d’entrer dans une démarche de structuration de la filière renouvelable, à l’image du programme Windustry qu’il a initié, afin d’identifier et de renforcer le tissu des fournisseurs de biens et services, ainsi que de travailler sur un processus de suivi du contenu local, sur l’amélioration de l’environnement fiscal permettant aux entreprises d’investir plus facilement dans la transition énergétique et le développement d’une offre de formation qui permette de répondre aux besoins de compétences nouvelles identifiées sur le terrain.

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