[UAPV21] Baisser les coûts du stockage, le nerf de la guerre

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Pour pouvoir profiter pleinement de la production d’électricité photovoltaïque, la question du stockage devient centrale. Si l’hydrogène est l’une des solutions prévues à long terme, le stockage par batteries est quant à lui pleinement opérationnel. A condition d’être rentable. « Le raccordement va être une problématique de plus en plus importante, a introduit Mathieu Lassagne, PDG de ZE Energy. A la fois parce qu’il y a de moins en moins de capacités disponibles sur les postes sources et parce que les raccordements sont de plus en plus longs et coûteux. De plus, dans un certain nombre de pays, il y a des problèmes de stabilité du réseau, en particulier quand il y a des variations importantes de puissance ».

Un premier CPPA pour ZE Energy bientôt annoncé

Par ailleurs, dans certains pays comme l’Allemagne, le nombre de jours à prix négatifs est en augmentation. « C’est un problème pour le porteur de projet, pour la rentabilité de l’actif », a constaté Mathieu Lassagne. L’entreprise est en train d’achever deux projets de centrales solaires hybrides : le projet Menntou de 8 MWc de PV + 3,75 MW de stockage qui devrait être mis en service fin 2021 et le projet Gièvres, qui comporte 18,6 MWc de PV avec 7,5 MW de stockage, pour une mise en service prévue au premier semestre 2022. L’entreprise estime ainsi avoir diviser par deux les coûts de raccordement. « Nous avons une vision système du stockage, pas seulement pour faire du déplacement d’énergie ou de la réserve primaire pour le réseau », a poursuit Mathieu Lassagne, qui assure que ZE Energy va signer dans les prochains jours un PPA avec une entreprise : « ce sera un produit différenciant, avec une livraison garantie et un profil plus intéressant, avec un déplacement de la production le matin et le soir quand les prix sont élevés et moins d’aléas ».

Quelles synergies entre l’automobile et le stockage stationnaire ?

Baisser les coûts de stockage, c’est aussi l’un des objectifs d’Energica, créée en mars 2021 et de son PDG Laurent Hubard. « Dans le stockage stationnaire, le problème n’est pas du tout technique, mais uniquement économique. Nous, nous sommes capables de diviser par deux le coûts du stockage par MWh, a-t-il observé. A l’heure actuelle, nous sommes autour de 70 euros par MWh d’électricité stockée et on peut descendre à 50 euros par MWh ».

Pour cela, la jeune société a entièrement revu la chimie, l’électronique, la partie logicielle des batteries stationnaires pour baisser les coûts. Elle veut également installer en France des petites unités locales de production, d’une vingtaine d’hectares, loin de la stratégie de massification des Gigafactories actuelles. Un site industriel de 2 GWh est prévu dans les Hauts-de-France. « Loin de la course au gigantisme, l’entreprise a un premier projet pour accompagner une centrale photovoltaïque de 25 MW où nous installerons 6 MWh de batteries en démonstration », a décrit Laurent Hubard. Dans ce cas, le poste source proche est saturé et l’autre est à 50 km et l’un des objectifs est le service rendu au réseau.

A l’inverse, Philippe Chain, cofondateur et directeur de clientèle de Verkor, entreprise créée pour produire des cellules de batteries, mise sur la taille pour optimiser les coûts. « Nous construisons une première Gigafactory à Grenoble à l’horizon 2024 pour servir l’industrie automobile, notre premier client étant Renault qui a sécurisé plus de 10 GWh, a expliqué Philippe Chain. Le développement de ces Gigafactories dans l’automobile va contribuer à la baisse des coûts. Certes, ce ne sont pas les mêmes batteries, mais les unités de production pourront être utilisées aussi pour le stationnaire ». A l’horizon 2025, la demande en Europe sera selon lui de l’ordre de 500 GWh, et à l’horizon au moins 800 GWh, voire 1 TWh de capacités industrielles en 2030. A ce moment-là, la société créée en 2020 espère être à 50 GWh.

En Allemagne, un marché de 80 000 batteries domestiques par an

Venant évoquer le développement de l’autoconsommation outre-Rhin, Sven Rösner, directeur de l’Office franco-allemand pour la transition énergétique. « L’autoconsommation domestique est très prisée en Allemagne, avec un prix de l’électricité qui est à 60 euros le MWh, soit le double de celui de la France », a-t-il chiffré. Aujourd’hui, 275 000 batteries domestiques sont installées, dont 90 000 rien que pour 2020. « Mais il est assez peu probable d’amortir le prix de la batterie dans une durée de vingt ans, a-t-il nuancé. La motivation des particuliers qui investissent dans les énergies renouvelables ne sont uniquement économiques ».

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