[UAPV21] Le potentiel des collectivités et de l’autoconsommation dans la lutte contre la précarité énergétique

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L’Université de l’autoconsommation photovoltaïque d’Enerplan se déroule en ce moment à Paris. Pv magazine, présent à l’évènement, rend compte des échanges à l’occasion d’une série d’articles. Aujourd’hui les discussions vont se décliner en sessions interactives qui auront pour thème le décryptage du nouvel arrêté tarifaire, la revue du cahier des charges de l’appel d’offre Autoconsommation, le cadre réglementaire de l’autoconsommation collective, le PV et le smart charging dans l’électromobilité et la RSE dans l’autoconsommation pour les entreprises.

Le premier jour s’est conclu hier soir, mardi 21 septembre, avec une table ronde portant sur la lutte contre la précarité énergétique en France. Près de 12 millions de personnes seraient concernées, selon le fournisseur d’électricité solidaire Enercoop qui a pris part aux échanges. Les dynamiques citoyennes, la solidarité énergétique et l’engagement des collectivités étaient au cœur du propos de cette dernière plénière qui a fait place belle aux retours d’expériences et aux initiatives locales.

Les collectivités locales sont compétentes sur les projets énergétiques

 En premier lieu, Laurent Fussier, Directeur Général des Services de la Ville de Malaunay, a partagé la feuille de route du projet de communauté énergétique mis en place sur cette commune accrochée à la métropole Rouen Normandie qui compte quelque 6200 habitants. Lancée il y a 15 ans, l’initiative veut engager une trajectoire de transition énergétique et climatique, élargie par la suite à d’autres solidarités. A date, 12 installations solaires en toiture en autoconsommation collective prennent en charge près de 30% des besoins énergétiques de la commune. Plus de 300 actions ont été menées à toute échelle et ont permis d’économiser 35% d’énergie sur la commune. D’ici 2022 l’idée est de créer une structure pour porter le projet, qui devrait être soutenu financière par la métropole. En attendant, l’initiative a noué des partenariats avec Enedis, le groupe Legrand, Logeal Immobilier, l’entreprise de nutriment Nutriset, deux propriétaires de locaux commerciaux et industriels et travaille avec les commerçants, artisans et habitants.

Du côté de Besançon, une ville déjà labellisée Cit’Energie Gold, on compte déjà 45% d’EnR dont 30% sur le chauffage. Au quartier prioritaire de Planoise (20 000 habitants) on fait rejoindre dimensions sociale et technique pour lutter contre la précarité énergétique. Une centaine de ménage sont accompagnés en parallèle du plan de renouvellement urbain qui mise sur la performance énergétique. Le potentiel de l’autoconsommation en collectivité est exploité à son maximum dans le but de générer 10% supplémentaire d’économies (15% actuellement) sur la facture d’électricité. L’axe photovoltaïque est à confirmer avec un plan de financement dont le modèle veut orienter les fonds privés vers l’inclusion du solaire dans des projets sociaux. La ville projette d’appliquer cette dynamique au local où la collecte de fonds a un potentiel de mécénat important, notamment via les mécanismes RSE des entreprises de la région.

L’association de collectivités locales FNCCR a permis de faire un point sur les compétences de ces dernières en matière de réseaux énergétiques. Le cadre juridique est très favorable à l’intervention des collectivités dans l’autoconsommation. En effet, avec Enedis, ce sont elles qui distribuent et gèrent les réseaux. Elles ont donc une capacité juridique et technique de premier plan dans la production d’électricité et la lutte contre la précarité énergétique. Demain, les communautés d’énergies renouvelables pourront être soutenue par les collectivités dans leurs gouvernances et leur démarches de mutualisation, notamment en les constituant en tant que PMO (personne morale organisatrice). Elles ont d’ailleurs souvent déjà pensé à des circuits court en achat d’énergie et sont parties prenantes des PPA.

12 millions de personnes en précarité énergétique en France

Julien Courtel, chargé de relations et discours producteurs pour Enercoop, explique que ce fournisseur d’électricité solidaire considère la lutte contre la précarité énergétique comme partie prenante de sa mission. En effet, cette coopérative récolte désormais des dons directement auprès des producteurs d’énergies. En se tournant vers les producteurs en autoconsommation, et notamment les collectivités, elle récolte le surplus énergétique pour le transformer en valeur monétaire, versée au fonds Énergie Solidaire qui finance des associations locales engagées dans la lutte contre la précarité énergétique. 12 millions de personnes seraient concernées, selon les chiffres d’Enercoop qui veut simplificatier les contrats de dons et augmenter le nombre de donateurs (actuellement des collectivités, une coopérative citoyenne et un bailleur social).

GreenFlex, qui accompagne les organisations dans la transformation énergétique, veut s’inspirer des initiatives locales pour propulser la lutte contre la précarité énergétique à une échelle nationale. La société veut associer le développement de l’énergie locale et de la solidarité pour concevoir des règles structurelles et structurantes qui permettraient de flécher des millions d’euros de surplus de production d’électricité vers les réseaux d’entraide, à l’instar des initiatives d’aides alimentaires développées dès les années 80 en France.

« Le solaire est une option sans regret »

Laetitia Brottier, VP Enerplan, a pu conclure cette première journée en revenant sur les difficultés rencontrées par la filière, notamment celles liés au recul dans les arrêtés tarifaires du PV. Mais le syndicat veut parler d’opportunité et d’avenir. Grâce à l’effort collectif, le solaire devient un contributeur net pour les installations avant et après compteur et permet de générer des économies à plusieurs échelles. Les enjeux sont gros puisqu’on parle d’un mix 100% décarboné d’ici 2050 ! « Le solaire est une option sans regret » a-t-elle cité, « même si nous ne sommes pas en avance sur cet objectif ». Une chose est sure : la filiale est dynamique avec une accélération marquée par le dépassement de la barre des 1 GW installée dès le premier semestre 2021. « Malgré un contexte de pénurie, le secteur est présent quand on a besoin de lui et le marché montre son appétence », souligne Laetitia Brottier qui mentionne également le potentiel des contrats PPA, l’investissement des citoyens et les opportunités du digital pour accélérer la transition.

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