L’acteur de la semaine : Iberdrola détaille sa stratégie dans l’agrivoltaïsme en France

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Maria Grazia Pedicini, Business Development Manager d’Iberdrola France.

Image : Iberdrola

Présent en France depuis 2001, via sa filiale basée à Paris, l’énergéticien espagnol Iberdrola dispose à l’heure actuelle dans l’Hexagone d’un portefeuille de projets en développement de 700 MW dont 50 % de solaire. Ses premières installations photovoltaïques, pour environ 300 MW, seront mises en service à partir de 2024 et à partir de 2025, l’entreprise s’est fixée un objectif ambitieux : raccorder environ 150 MWc de PV par an. « Un tiers de ces volumes seront des projets d’agrivoltaïsme », souligne Maria Grazia Pedicini, Business Development Manager d’Iberdrola France, lors d’une interview avec pv magazine France. L’année dernière, au terme des recherches d’un groupe de travail transverse, le groupe Iberdrola a identifié quatre marchés majeurs dans l’agri-PV en Europe : l’Espagne, la France, le Portugal et l’Italie. « Ces régions productrices agricoles importantes sont déjà fortement touchées par le changement climatique. Il est donc vital de proposer des solutions de protection des sols et des cultures », justifie Maria Grazia Pedicini.

Des projets de 10 à 15 hectares

Pour des questions d’économie d’échelle, Iberdrola entend se focaliser sur les grandes cultures, d’une superficie de 10 à 15 hectares. « Il s’agit des vergers, qui ne peuvent pas être mis sous serre, de la vigne, implantée sur son terroir et qui ne peut pas être déplacée, et des grandes praires, précise Maria Grazia Pedicini. Il existe en effet un véritable enjeu autour de la pérennisation des prairies, en particulier dans le sud et le centre de la France, mais aussi en Moselle ». En raison de la hausse des températures, les prairies en rotation ne donnent plus suffisamment d’herbe et le bétail ne peut plus paître correctement, ce qui ne permet plus à l’exploitant de respecter son cahier des charges en agriculture biologique dans le lait ou la viande.

Le projet agrivoltaïque Núñez de Balboa à Usagre, dans le sud-ouest de l’Espagne. D’une capacité de 500 MWc, il a nécessité un investissement de 290 millions d’euros.

Image : Iberdrola

De fait, la société a signé son premier partenariat avec la coopérative agricole Alpes Coop Fruits, pour le développement de projets agrivoltaïques de 5 à 10 MW dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Basée à à Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes), Alpes Coop Fruits regroupe une quarantaine d’exploitants pratiquant l’agriculture raisonnée et cultivant plus de 360 hectares de vergers d’altitude de pommes et poires. « Nous sommes en discussion avec d’autres coopératives, pour proposer les mêmes solutions et pérenniser leur activité », souligne Maria Grazia Pedicini, qui précise que quatre de ces projets ont été soumis à l’appel d’offres CRE Innovation, en cours d’examen, et qu’à partir de 2023, d’autres projets fruits de ces partenariats pourraient être présentés au futur appel d’offres Agrivoltaïsme.

Un premier pilote avec Ombrea

Au niveau de la technologie, l’Espagnol s’appuie sur des sous-traitants externes ayant pour cœur de métier la compétence d’intelligence artificielle et de big data adaptée à l’activité agricole. Les algorithmes sont ensuite intégrés aux structures et solutions techniques photovoltaïques (trackers, ombrières), dont Iberdrola maîtrise la conception et la construction. La stratégie de l’entreprise mise en effet sur la recherche de partenariats et de synergies. C’est ainsi que dans le domaine des panneaux coulissants, elle s’est associée au Français Ombrea, identifié dans le cadre de son programme international de start-up Perseo, doté de 85 millions d’euros destinés à l’investissement dans des start-up et 40 millions d’euros destinés au lancement de nouvelles entreprises innovantes. Ombrea a développé une solution agrivoltaïque dynamique intelligente qui s’installe au-dessus des cultures de plein air (maraîchage, horticulture, viticulture, plantes à parfums) pour pallier les effets du changement climatique. Dotée de panneaux solaires et pilotée à distance, elle se déploie et se rétracte afin de moduler l’ombrage au sol en fonction de données pédoclimatiques récoltées sur la parcelle grâce à un réseau de capteurs. « Nous sommes en train de monter un premier projet pilote avec Ombrea », confirme Maria Grazia Pedicini.

Ombrea fait partie des quatre entreprises ayant remporté le start-up challenge de Iberdrola.

Image : Ombrea

Toujours en France, Iberdrola a par ailleurs signé un contrat de co-développement avec Amda Energia pour proposer des solutions aux exploitants de grandes cultures dans le cadre de leur passage en agriculture biologique.

Le PV adapté à l’agroforesterie

« La conversion en bio nécessite de diviser les grandes parcelles de culture céréalière intensive et de les séparer grâce à la plantation d’arbustes », décrit Maria Grazia Pedicini. Cette pratique dite d’agroforesterie, qui consiste à associer arbres, cultures et faune sur une même parcelle, permet d’enrichir la biodiversité et de protéger les cultures sans le recours aux produits phytosanitaires. « Mais la croissance des jeunes arbres peut être affectée par le changement climatique, c’est pourquoi nous proposons des solutions d’ombrage au moyen de systèmes photovoltaïques sur trackers, dont l’inclinaison varie en fonction des paramètres de pousse », complète Maria Grazia Pedicini. Installé à 2,5 à 3 mètres de haut et pouvant se mettre en mode drapeau, le dispositif ne gène pas non plus le passage des engins agricoles.

Enfin, le groupe annoncera prochainement une nouvelle solution d’intelligence artificielle adaptée à l’élevage, afin d’accroître le bien-être animal, en réduisant notamment le stress thermique pour les ovins.

 

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