Une concertation citoyenne sur le mix énergétique en France : les EnR attendent le décollage

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Le gouvernement français a annoncé une concertation « grand public » jusqu’au 31 décembre 2022 pour que les citoyens donnent leur avis sur l’avenir du mix énergétique français. Justifiée par la perspective du projet de loi de programmation sur l’énergie et le climat, qui devrait être présenté en 2023, la concertation est ouverte jusqu’au 31 décembre 2022 et porte sur trois questions principales :

  • Comment adapter notre consommation pour atteindre l’objectif de neutralité carbone ?
  • Comment satisfaire nos besoins en électricité, et plus largement en énergie, tout en assurant la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles ?
  • Comment planifier, mettre en œuvre et financer notre transition énergétique ?

Selon le communiqué relatif à l’opération, « les orientations recueillies contribueront à l’élaboration du projet de loi de programmation sur l’énergie et le climat de 2023 ».

La France ne peut pas contourner le développement des énergies renouvelables

Il faut toutefois rappeler que le gouvernement assume une position pro-nucléaire annoncée dans le programme de son candidat élu et dans le discours de Belfort. Cette relance se justifie très aisément par le besoin de décarboner le mix énergétique sans baisser les consommations électriques – mais pèse sur le développement des énergies renouvelables qui enregistrent un retard dans l’Hexagone. Toutes sources confondues, les EnR n’ont représenté que 19,1 % de la consommation finale brute d’énergie du pays en 2020, contre les 23 % qui lui avaient été assignés. Avec la Pologne, c’est le seul État membre de l’Union européenne qui n’a pas atteint son objectif pour 2020, fixé collectivement à 20% d’EnR pour les 27 Etats membres.

Et le développement se fait attendre pour la suite : en cohérence avec les objectifs européens, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit de porter la part des EnR à plus de 33 % de la consommation finale brute d’énergie en 2030 pour atteindre 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz.

Le nucléaire, gagnant pré-senti ?

Pourtant, les énergies renouvelables n’ont pas été évoquées plus d’une fois lors du discours d’Élisabeth Borne qui présentait la méthode du gouvernement sur la planification écologique, le vendredi 21 octobre à Paris. A cette occasion, la première ministre a d’ailleurs annoncé un projet de loi pour accélérer le développement du nucléaire début novembre. A côté, très peu de précisions ont été avancées concernant le projet de loi sur les énergies renouvelables, en discussion depuis le début de l’été : « un projet de loi sur les énergies renouvelables sera débattu à la fin du mois au Parlement. Et nous déposerons début novembre un projet de loi pour accélérer le développement du nucléaire ».

La concertation a ceci de particulier qu’elle intervient dans un contexte de crise énergétique. Or, dans cette situation, les différents sondages ont montré un soutien accru des citoyens pour le nucléaire. Une étude de l’Ifop pour le JDD en septembre établissait notamment que « 65% des Français se déclarent favorables à la construction de nouveaux réacteurs sur le territoire national. C’est une hausse de 14 points en l’espace de quelques mois (51% en octobre dernier), due à l’actualité ». Parmi eux, 55% des 18-24 ans, contre 78% des 65 ans et plus et « 75% des hommes y sont favorables, 56% des femmes pensent ainsi, soit un écart de 19 points ». 62 % la considère comme dangereuse, mais 67 % bon marché et 50% respectueuse de l’environnement. Malgré les arrêts prolongés et les incertitudes face au parc nucléaire actuel, 71% du panel interrogé considère le nucléaire comme une source fiable d’énergie.

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