[Dans les allées d’Energaïa] Autoconsommation territoriale et circuits courts : les collectivités face à la crise

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La hausse des factures d’électricité pèse lourd sur les budgets des collectivités locales. Même en réduisant la consommation, ces acteurs ont des besoins électriques qui ne peuvent être contractés à l’infini à l’instar des services et les bâtiments publics. « L’objectif est donc de sécuriser et de réduire le coût de l’électricité que nous consommons », expliquePhilippe Éon, le directeur des stratégies environnementales et territoriales de la Communauté d’agglomération de Grand Châtellerault lors de son intervention dans la conférence « Collectivités : comment réduire ses factures énergétiques et acheter directement l’énergie verte ? » organisée à Energaïa ce jeudi 8 décembre.

« Le prix du mégawatt, aujourd’hui entre 300 et 400 euros, justifie la mise en place d’expériences innovantes », précise Philippe Éon qui présente les initiatives mises en place sur son territoire.

La communauté d’agglomération fait partie d’un groupe de collectivités qui a mis l’autoconsommation territoriale et les circuits courts au centre de réflexions et d’opérations pilotes destinées à développer des alternatives au marché de l’électricité. Plus que l’augmentation dramatique des prix, c’est la volatilité qui pèse sur les acteurs locaux. Plus que l’approche technique, c’est la volonté politique qui pousse à la mise en oeuvre de projets d’EnR dans les territoires.

Grand Châtellerault et les collectivités partenaires se sont organisées autour de Selfee, un aggrégateur et un fournisseur d’électricité, pour mettre en place deux réducteurs de coûts – ou « amortisseurs », pour reprendre les termes du gouvernement.

Miser sur la production solaire avec différents types de projets PV

Le premier projet est une petite centrale au sol de 250 kW qui a été déployée sur une parcelle de la collectivité et mise en service en 2020. Elle produit quelque 300 MWh par an, qui sont à destination (finale) des services de l’agglomération, mais qui sont injectés sur le réseau par Selfee. Ce modèle permet de s’inscrire dans un circuit court de l’énergie dans la mesure ou Selfee fournit un service de traçabilité de l’électron. En effet, le code des marchés actuels ne permettant pas à une collectivité d’acheter dans les circuits courts (sauf dans des cas d’autoconsommation collective) ce critère peut être atteint via la mise en place d’une traçabilité en temps réel. « Notre opérateur nous fournit une énergie verte, il se trouve qu’elle est locale donc on en profite », se réjouit Philippe Éon. « C‘est la traçabilité qui est importante : où est-ce que ça produit, où est ce que ça injecte, où ça consomme et qui gère le circuit. L’opérateur-aggrégateur peut nous fournir cette traçabilité. »

Il a ajouté être en cours de réflexion pour un projet d’1 MW avec une double distribution vers les entreprises d’une zone industrielle et la collectivité. A terme, il a confié parier sur l’évolution du cadre juridique des opérations d’autoconsommation collective, en terme de taille, de critères géographiques et juridiques.

Le deuxième « amortisseur » consiste en la signature d’un contrat d’achat d’électricité (PPA) avec Apex Energies, dans le cadre du marché de fourniture. Concrètement le PPA est signé entre Apex Energies et Selfee et concerne la livraison d’un peu plus d’1 GWh à un prix fixe à environ 250 euros / MWh. Le contrat s’étale, pour le moment, sur 18 mois puisque les partenaires ont profité de la dérogation mise en place par le gouvernement pour permettre aux développeurs de profiter des marchés de l’électricité pendant 18 mois avant de se soumettre aux tarifs d’achat convenus.

Si cette méthode permet à Grand Châtellerault de gagner près de 100 euros par mégawattheurs (comprenant le tampon de l’arendt), « cela reste cinq fois plus de ce que l’on payait il y a deux ans », rappelle Philippe Éon. « C’est toujours trop cher pour les collectivités. La situation est compliquée et on continue, en général, de chercher des solutions satisfaisantes. Le système est à remettre en question, mais il faut, dans l’attente, se positionner dans ce système électrique. »

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