[Bilan 2021] Etat des lieux du déploiement solaire en Afrique

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L’Afrique possède 40 % du potentiel solaire mondial, mais seulement 1 % des panneaux solaires de la planète. Plusieurs défis restent à relever pour développer le solaire de manière efficace et à grande échelle. Parmi eux on note l’instabilité des réseaux nationaux, le coût élevé de l’électricité, les réglementations nationales ou encore les subventions bénéficiant aux énergies fossiles. A date, sur tout le continent, seuls l’Afrique du Sud et l’Egypte rejoignent le groupe des 37 pays du monde ayant déjà installé plus d’1 GW de solaire.

L’un des pays les plus attendus est l’Algérie, avec un pipeline de 4 GW qui a été annoncé depuis plusieurs années. D’après l’association des professionnels du solaire en Afrique, AFSIA, « avec de nouvelles institutions et de nouveaux responsables en en place, il est raisonnable de penser que ce plan (ou une partie de celui-ci) pourrait enfin avancer et que le pays riche en gaz pourra se lancer très rapidement dans des projets solaires ». A date, l’appel d’offre pour 1 GW prévu initialement pour la fin octobre est toujours attendu.

Ailleurs, l’année 2021 a vu se réaliser et naître de nombreux projets solaires et les acteurs français ne sont pas en reste dans le développement du marché photovoltaïque africain, comme l’a démontré le 5ème round du programme sud-africain d’achat indépendant d’énergie renouvelable (REIPPPP) où Engie, TotalEnergies et EDF Renewables ont remporté 729 MWc de projets solaires et éoliens. « Il y a de plus en plus d’appel d’offres qui eux-mêmes sont de plus en plus élaborés dans beaucoup de pays. Cependant les programmes peuvent se geler par la suite à cause de difficultés financières ou des problématiques de réseau », souligne Dennis Viennot, le dirigeant d’AltRaise Advisory, une société de conseil française qui a accompagné près de 300 millions d’euros d’opération dans la région depuis 2017.

Malgré les investissements croissants dans les solutions solaires captives, le secteur continue de faire face à plusieurs défis qui entravent son développement.

Image : GC Solar SA , Madagascar

Le rôle des entreprises dans le déploiement du solaire

Le modèle de contrat d’achat d’électricité (PPA) a fait ses preuves dans différents pays d’Afrique. Ce modèle est tout à fait adapté à la volonté des groupes industriels internationaux actifs sur le continent, notamment dans l’exploitation de ressources, de se doter d’une politique de durabilité énergétique et de sécuriser leur approvisionnement en électricité. Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises locales se tournent vers l’énergie solaire directement auprès des fournisseurs pour réduire leur dépendance vis-à-vis des services publics d’électricité.

Pour illustrer ces deux cas de figure, nous pouvons citer le processus de demande de propositions (RFP) mené en avril 2021 en Afrique du Sud par le producteur local de produits chimiques Sasol, et le fournisseur français de gaz industriels Air Liquide qui souhaitaient respectivement acquérir environ 500 MW et 400 MW d’EnR via des contrats d’achat d’électricité. En mars 2021, toujours en Afrique du Sud, mais de l’autre côté du contrat PPA, Engie prenait une participation de 40 % dans Xina Solar One, une centrale solaire à concentration de 100 MW équipée d’une technologie à capteur cylindro-parabolique et d’un système de stockage de sel fondu. La production électrique de ladite centrale est souscrite dans le cadre d’un accord d’achat d’électricité de 20 ans avec la compagnie publique d’électricité nationale Eskom.

Stock de sables minéralisés de l’usine de GCO à Diogo, Sénégal. Le site va s’équiper d’une centrale solaire+stockage de 13 MW (+ 8 MWh) d’ici 2023

Image : Eramet

L’un dans l’autre, c’est le secteur C&I (clients commerciaux et industriels) qui concentre la croissance du solaire sur le continent. A la mi-2021, il représentait 75 % de la demande d’électricité en Afrique Sub-Saharienne, mais souffrait du manque de performance du réseau électrique. Aussi, de plus en plus de consommateurs se tournent vers les projets solaires en autoconsommation qui leur permettent de réduire le cout de l’énergie, d’assurer leur approvisionnement en électricité ou de remplacer un système d’autoconsommation diesel.

Le hors réseau et les kits solaires

D’après le rapport du premier semestre 2021 du Gogla (l’association pour le secteur de l’énergie solaire hors réseau), publié en octobre, « l’industrie solaire hors réseau a fait preuve d’une formidable résilience tout au long de la pandémie de COVID-19, cependant, le chemin de la reprise est inégal et les tendances varient selon les régions et les marchés ». L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest sont les deux plus grands marchés régionaux de l’off grid avec l’Asie du Sud.

Les ventes en Afrique de l’Est, bien qu’affectées par la crise, ont été relativement stables, en particulier au Kenya. Pour permettre aux foyers à faible revenus de s’équiper, le groupe GreenLight Planet propose un financement proche du leasing permettant le paiement par échéance et en monnaie locale. Sa branche kenyane a assuré un financement de près de 65 millions d’euros fin octobre pour déployer ses solutions solaires dans le pays.

Après un ralentissement modéré en 2020, les ventes en Afrique de l’Ouest ont renoué avec la croissance et sont désormais supérieures de 30 % à celles du second semestre de 2019. Dans cette région, on note les deux levées de fonds (pour un montant total de 14 millions d’euros) de Baobab+ qui distribue des kits solaires en milieu rural en Afrique. Avec ces fonds l’entreprise va renforcer sa présence en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et à Madagascar tout en se déployant au Nigéria et en République Démocratique du Congo.

Toujours en Afrique de l’Ouest, le fabriquant local de lampes et kits solaires Lagazel a inauguré en octobre un deuxième site de production à Porto Novo au Bénin.

Quid de l’hydrogène vert

L’hydrogène vert pourrait jouer un rôle important dans la transition énergétique mondiale, et son potentiel en Afrique est encore plus grand. Lors de l’événement consacré à l’énergie qui s’est tenu au Cap mi-novembre, Josef Abramowitz, président-directeur général de Gigawatt Global annonçait que les EnR sont désormais passées sous le prix du gaz dans les marchés d’Afrique et que les investisseurs mondiaux s’étaient déjà engagés à transférer près de 40 000 milliards de dollars de financement des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables.

Centrale solaire EGP à Upington, Afrique du Sud

Photo : Enel Green Power

Une belle opportunité que certains pays ont déjà voulu saisir, à l’instar de la Namibie qui a lancé un plan comprenant un appel d’offre du gouvernement pour produire 300 000 tonnes métriques d’hydrogène vert par an dans le pays et qui inclut la mise en oeuvre de 5 GW de capacité EnR d’ici 2030, dont 2 GW devraient entrer en opération d’ici 2026. L’hydrogène vert est aussi au programme du nouveau protocole d’accords destiné à promouvoir les investissements pour la transition verte du Maroc signé fin septembre à Rabat.

« Au lieu de mobiliser son abondant potentiel d’énergie renouvelable bon marché pour produire du gaz destiné à alimenter les consommateurs industriels d’Europe et d’ailleurs, l’Afrique pourrait attirer les secteurs manufacturiers lourds concernés, tels que la sidérurgie, la métallurgie, l’agriculture et la pêche », résumait Cosmas Mwirigi pour pv magazine en novembre 2021.

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