[L’acteur de la semaine] Base intègre sa technologie thermovoltaïque brevetée dans des séchoirs agricoles solaires

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Le modèle agrivoltaïque qui promet de coupler production solaire et activité agricole durable peine encore à apporter de l’innovation sur la table des négociations. Avec Base Innovation, la technologie solaire s’est fait une place dans un modèle innovant de séchoir agricole reposant sur des panneaux solaires hybrides.

A l’issue de plus de dix ans de recherche et développement, le bureau d’étude girondin a conçu un système thermo-voltaïque combinant la production de chaleur et la production d’électricité solaire, puis développé les applications correspondantes en optant aujourd’hui pour les équipements agricoles qui correspondent à la saisonnalité de la production solaire. La société compte déjà soixante séchoirs solaires en exploitation en France et se targue d’un système de financement basé sur l’économie de charge.

Quid de la technologie thermo-voltaïque de Base

Baptisée Cogen’Air, la technologie développée par Base repose sur un système de récupération de chaleur intégré à un panneau photovoltaïque. Concrètement, le module est équipé d’un échangeur thermique doté de turbulateurs lui permettant de récupérer la chaleur dégagée au dos des panneaux pour une utilisation thermique – typiquement le chauffage ou le séchage. L’extraction de la chaleur permet aussi d’augmenter le rendement électrique en évitant la surchauffe du système PV. Selon l’entreprise, le gain en terme de puissance crête peut atteindre jusqu’à 10 %.

Base a aussi développé un système de régulation intelligent qui agit sur la vitesse des ventilateurs en fonction du taux d’humidité de l’air chauffé pour améliorer le séchage tout en limitant la consommation de l’installation. La solution permet aussi de suivre le fonctionnement du séchoir à distance et d’optimiser sa production.

Soutenue par l’Ademe, l’innovation de Base est brevetée depuis 2013 et a mobilisé plus de 500 000 euros de recherche et développement (R&D) au cours des dix dernières années.

Côté application, Base propose aujourd’hui de concevoir ou de rénover des séchoirs agricoles, que ce soit pour le séchage vrac, le séchage en bottes, le séchage à plat ou le séchage en benne. En pratique, les panneaux sont intégrés à une infrastructure de ventilation avec un système de gestion qui optimise le fonctionnement du séchoir.

« Nous avons fait des essais sur d’autres secteurs d’activité », explique Benoît Michenot, le directeur du bureau d’étude lors d’un entretien avec pv magazine. La société a notamment exploré le marché de l’habitation et des flux d’énergie via des systèmes à traitement d’air ou des systèmes résidentiels de chauffage par exemple. « Il y avait un véritable service à l’énergie, mais pas de rentabilité », révèle le dirigeant. L’appétence du secteur du traitement des déchets a également été évaluée : la solution thermovoltaïque est intéressante pour réduire la masse d’eau et ainsi diminuer le coût de traitement à la tonne mais les contraintes saisonnières inhérentes à l’énergie solaire et la technologie de séchage à basse température ont limité les débouchés dans cette industrie.

Favoriser l’émergence de micro-filières d’alimentation

« La réalité c’est que les énergies renouvelables ne peuvent pas se plaquer aux systèmes existants », indique Benoît Michenot. Il faut donc innover dans les services à valeur ajoutée. Ici les séchoirs solaires conçu par Base propose un séchage à basse température qui touche à la valeur du produit final. « L’herbe peut avoir la même valeur nutritive que le céréale pour nourrir les bêtes à condition qu’elle soit séchée dans les bonnes conditions », explique le dirigeant. En d’autres termes agricultrices et agriculteurs pourraient valoriser leur herbe par rapport aux céréales. Côté éleveur·euse, la dépendance aux cultures céréalières en serait également limitée.

« Cela laisse aussi la place au développement de micro-filières d’alimentation », renchérit Benoît Michenot qui évoque notamment la valorisation possible des cultures nouvelles comme le chia, les plantes aromatiques ou la luserne. Il affirme que cette dernière plante conserve un haut taux de vitamines et de sels minéraux lorsqu’elle est séchée à basse température.

Le séchage à basse température est possible avec les installations classiques alimentées à l’énergie thermique, mais les systèmes ne sont pas calibrés sur ce modèle en général.

La question du financement de la transition énergétique

Face aux énergies fossiles, encore souvent subventionnées, les systèmes EnR agricoles doivent aussi se faire une place dans l’accès au financement. Par exemple, si le système de Base est éligible à la prime CEE (Certificats d’Économie d’Énergie : une prime accordée pour soutenir des travaux d’économie d’énergie), l’impact de cette aide sur la rentabilité du projet est limité. Et même si les coûts de fonctionnement d’un séchoir à énergie fossile augmentent et pèsent lourd dans la comptabilité d’une entreprise agricole, l’avantage comparatif sur la rentabilité globale n’est pas encore assez marquée.

Pour Benoît Michenot, le prix de la tonne de carbone reste sous-évalué alors que « cela pourrait faire levier ». Si sa valeur a atteint une centaine d’euros sur les marchés mondiaux en février 2023 (un record), cette hausse est en grande partie due à la reprise en flèche des émissions à la suite de la période de pandémie Covid-21 – qui les avait provisoirement fait chuter. Et il faudra que cet état de fait se retranscrive politiquement dans les lois finances à venir, puisque le prix de la tonne carbone est intégré, en France, sous la forme de la taxe carbone qui est elle-même incorporée au prix du pétrole, gaz, etc.

L’un dans l’autre, le séchoir solaire ne nécessite aucun coût de fonctionnement ce qui le distingue des solutions à énergies fossiles très coûteuse en combustible. Pour favoriser l’investissement, Base entend aussi faire apparaître le financement du séchoir solaire à la colonne économie de charge de l’entreprise agricole. Le bureau d’étude accompagne et facilite l’accès au financement de l’infrastructure avec la mise en place de partenariats bancaires. « L’emprunt se fait sur 15 ans, mais une fois ces échéances remboursées, le séchoir est encore prêt pour les 15 années à venir », affirme Benoît Michenot.

Base n’a pas souhaité communiquer de prix ou de fourchette d’investissement sur ses systèmes ni sur les revenus générés à date. L’entreprise développe environ dix nouveaux séchoirs chaque année et a ouvert des sections en Suisse et en Allemagne sur des projets d’élevages.

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