Une nouvelle technologie flottante brevetée en aluminium produite directement sur site

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Enercoop AURA, ARaymond et HeliosLite ont inauguré ensemble la centrale solaire flottante Coeur de Savoie ce mardi 8 octobre. Ce démonstrateur de 260 kW déploie une nouvelle structure flottante entièrement en aluminium destinée à limiter l’emprise sur l’eau et le besoin en matériaux. La particularité du projet tient aussi au fait que les flotteurs et les ancres ont été produits directement sur place à partir d’une micro-usine mobile déployée dans des conteneurs.

Ce concept a été développé par HeliosLite, une jeune pousse savoyarde spécialisée dans les traqueurs solaire innovants et les structures de montage pour le photovoltaïque. Il y a trois ans, la société s’est rapprochée de l’industriel ARaymond afin de déployer sa solution à l’échelle industrielle. Désormais protégée par un brevet international, la technologie HeliosFloat est commercialisée dans le cadre d’un accord de licence mondial exclusif de 11 ans avec ARaymond. « Le principe consiste à fabriquer sur site les flotteurs en aluminium à l’aide d’une micro-usine mobile permettant ainsi de réduire les impacts liés au transport », explique Quentin Rabut, directeur de la ligne d’affaires PV flottant chez ARaymond, dans un entretien avec pv magazine France. Concrètement, les bobines d’aluminium compactes sont acheminées sur place pour y être transformées, ce qui évite de « transporter de l’air » et permet de limiter l’espace de stockage sur site. La fabrique des tubes flotteurs sur place permet aussi de réduire l’emprise sur berge en phase de travaux.

« Il s’agit d’une structure flottante en aluminium ininflammable et recyclable à plus de 94% », ajoute Quentin Rabut. La structure en elle-même est pensée avec une approche globale destinée à limiter l’impact sur site. D’abord, les caractéristiques de l’aluminium permettent de limiter les ancrages et donc les matériaux utilisés. Ensuite, l’approche « sur-mesure » en fait une solution modulable qui permet de varier la taille des panneaux et les angles d’inclinaison « et donc de s’adapter au site pour atteindre la densité énergétique la plus élevée possible », résume Quentin Rabut.

L’emprise de l’infrastructure sur l’eau est limitée avec des chemins navigables plutôt que piéton pour la maintenance. « Cette structure sur l’eau est moins opacifiante, et devrait avoir moins d’impact sur le milieu aquatique, explique Emilien Boucher, coordinateur des services Production Enercoop AURA, en charge du projet. Il s’agira néanmoins de confirmer tout cela [y compris les avantages pré-cités], les retours d’expérience sur le PV flottant restant assez limités. »

Viser 1 MW pour atteindre un LCOE intéressant

Car le projet est une première étape dans le marché du solaire flottant pour les trois partenaires.

Pour Enercoop AURA, qui a financé le projet, le photovoltaïque flottant est une opportunité d’équiper de nouvelles surfaces pour continuer de développer son activité de production et fournir, via le fournisseur Enercoop, une électricité finale au moindre prix pour les consommateurs. « Par ailleurs, de nombreux plans d’eau appartiennent aux collectivités, et il est intéressant d’en faire des projets d’aménagement du territoire, alliant plusieurs activités (préservation écologique, ballade, loisir, pêche, énergie renouvelable), précise Emilien Boucher. L’objectif est, à partir de maintenant, à la fois de suivre l’exploitation, la maintenance, les coûts associés, mais également de travailler à optimiser les coûts de cette solution en vu de la déployer, sur d’autres sites à partir de 1 MW de puissance, soit 4 fois la taille du démonstrateur. »

Le projet a bénéficié d’une subvention de la région AURA et d’un effort financier de la part des trois partenaires afin d’atteindre un équilibre économique. Si, dans ce contexte, évaluer le coût actualisé de l’énergie (LCOE) n’est pas pertinent, Emilien Boucher explique qu’Enercoop espère pouvoir dupliquer le projet dans les prochains mois, « mais en visant une puissance plus importante afin d’atteindre un coût de production entre 80 et 85 euros du MWh. » Ce montant sera compatible avec le futur tarif d’achat petit parc au sol (et flottant) qui vise des installations inférieures à 1 MW et les appels d’offre de la CRE.

Pour Araymond, si le projet fait ses preuves, il pourra être dupliqué dans le monde entier via des partenariats locaux. L’idée est aussi de passer à une plus grande échelle pour être compétitif, même si le modèle permet des « leviers économiques intéressants » pour les petits projets, notamment grâce à sa modularité, à la réduction des ancrages permettant une économie de matériaux et à la production sur-place qui limite le coût de transport. Le choix de l’aluminium est justifié par sa facilité de transport, sa durabilité dans l’eau, le fait qu’il soit facile à trouver partout dans le monde et recyclable à l’infini.

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