Bruxelles : le PV prend de la masse et le net metering prend cher

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Les prosumers bruxellois sont une communauté en pleine expansion, mais qui souffre actuellement de douleurs de croissance. Ayant bénéficié d’un contrat de facturation nette (net metering) depuis des années pour encourager l’adoption du photovoltaïque dans la capitale européenne, ils payeront de leur poche les coûts du réseau à partir du 1 janvier 2020.

BRUGEL, l’autorité de régulation pour les marchés de l’électricité et du gaz en Région de Bruxelles-Capitale, estime que la fin du mécanisme de compensation implique une augmentation dans la facture annuelle du prosumer moyen proche de 200 euros.

Selon le régulateur, cette rectification était nécessaire car le système de compensation en place était discriminatoire envers les consommateurs d’électricité sans panneaux solaires qui devaient à eux seuls couvrir les frais de réseau.

« Le régulateur doit veiller à l’équilibre des intérêts de tous les usagers du réseau, » affirme Jan Willems, président du conseil d’administration de BRUGEL. « BRUGEL se devait donc de prendre des mesures correctrices. »

Coupé net

Précédemment, la facturation nette proposée aux prosumers bruxellois déduisait leur production photovoltaïque annuelle de l’ensemble de leur consommation du réseau sans tenir compte de l’instant auquel cette électricité était produite ou consommée. Les autorités présentaient ce type de contrat en invoquant l’image de panneaux solaires qui faisaient tourner le compteur électrique à l’envers.

« Le net metering était une sorte d’aide à la consommation » précise Benjamin Wilkin, secrétaire général d’APERe, une association qui soutient le développement de l’énergie renouvelable en Belgique. « Maintenant les prosumers vont être incités à consommer de l’énergie lorsqu’ils en produisent. »

À compter de 2020, tout consommateur muni d’une installation photovoltaïque paiera ses propres frais de réseau en fonction de la consommation d’électricité nette qu’il prélève dessus. Cette décision était prévue depuis plusieurs années et appuyée par un jugement de la Cour d’appel de Bruxelles en février 2018.

Lors d’un entretien avec pv magazine, Wilkin explique que la suppression de la compensation impliquera un changement d’habitudes de la part des prosumers, mais qu’il n’empiétera pas pour autant sur la compétitivité du photovoltaïque à Bruxelles. Selon lui, BRUGEL supprime judicieusement les mesures de soutien à mesure que la technologie photovoltaïque murit.

« Pour moins de 5000 euros, un particulier peut acheter aujourd’hui une installation photovoltaïque qui coûtait 16 000 euros il y a dix ans » dit-il. « On devrait fêter la diminution des subventions parce qu’elle indique que l’énergie solaire devient plus accessible. Je ne sais pas pourquoi, c’est toujours traduit dans l’autre sens. »

Fête de fin de rentrées

La confirmation par BRUGEL coïncide avec une renaissance du marché photovoltaïque bruxellois qui s’était écroulé en 2013 et vient ce mois-ci de dépasser les 100 MW de puissance cumulée. Les prosumers ayant investi dans des installations photovoltaïques de puissance inférieure à 5 kW représentent à ce jour plus de 10% du marché bruxellois.

« Nous ne pensons pas que la fin de la compensation des coûts de réseau va freiner les futurs prosumers, » répond Adeline Moerenhout de BRUGEL à pv magazine. « Le système principal de soutien à la production d’électricité verte en Région bruxelloise est celui des certificats verts, or ce système est maintenu. »

Selon les calculs de Test-Achat, une association de consommateurs, le temps de retour sur investissement pour une installation photovoltaïques typique chez le particulier demeure de 5 à 7 ans, grâce en partie au système de certificats verts fournis par les autorités bruxelloises.

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