Impact du Covid-19 : RGreen Invest témoigne

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Nicolas Rochon, le président de RGreen Invest a répondu aux questions de pv magazine au sujet de l’impact du coronavirus sur l’activité de sa société.

« RGreen Invest a activé son Plan de Continuation d’Activité afin de protéger la santé de ses collaborateurs et de pouvoir organiser le travail à distance efficacement. Tous les collaborateurs travaillent désormais à distance et nous avons des points de suivi quotidien tous ensemble pour s’assurer que tout se passe bien. Cela nous permet également de conserver un lien social fort.

Quel impact a le virus sur votre activité ?

L’activité de RGreen Invest consiste à financer ou à investir dans des projets de production d’électricité verte. Une grande majorité de nos projets ont des conditions de prix fixes et de volume garantis, même en cas de baisse des prix de l’électricité sur les marchés. Il s’agit d’une spécificité forte de cette classe d’infrastructure verte, contrairement à d’autres infrastructures où les risques de trafic sont significatifs.

Notre travail consiste donc aujourd’hui à soutenir nos partenaires sur le terrain pour leur assurer que RGreen Invest reste bien présent pour financer leurs développements. Nous communiquons quasi quotidiennement avec chacun d’entre eux afin de les rassurer. Il est à noter que la BPI continue à faire ce même travail sur le terrain, garantissant ainsi la continuité de financement de la filière renouvelable.

La crise actuelle est inédite mais nous pensons qu’elle ne bouleversera pas les fondamentaux de notre secteur d’intervention : des investissements long terme, dans des infrastructures essentielles qui deviendront encore plus indispensables.

Néanmoins nous pouvons tenter d’anticiper quelques conséquences pour notre secteur. La crise sanitaire grave et le confinement entraînent une baisse brutale de l’activité économique. L’impact sera d’autant plus important que les systèmes économiques sont déjà significativement endettés.

(1) Au niveau énergétique, l’effondrement des cours du pétrole et de ses dérivés carbonés sont sans doute annonciateurs d’un instant de Minsky. Il n’est pas certain que le capital revienne avec autant de vigueur vers le secteur carboné lorsque la crise sera derrière nous. Nous pensons que le déploiement général du capital vers l’industrie décarbonée va s’accélérer. Cet effet sera augmenté par les conséquences du changement sociétal au niveau sociétal, sur la mobilité, les méthodes de travail, la localisation et la dépendance aux outils productifs.

(2) Au niveau des marchés de l’électricité, nous observons les tendances suivantes : la demande à la baisse s’est logiquement traduite par une chute des prix spot dans tous les marchés européens depuis plusieurs mois. Nous pensons que le niveau des prix spot d’électricité se redressera assez rapidement au niveau pré-crise. Nous continuerons à assumer notre préférence pour les projets bénéficiant de contrat de vente d’électricité à prix fixes et garantis et à être vigilants quant à l’exposition de nos portefeuilles aux prix de marché.

(3) Au niveau des acteurs du marché :
a. Les fabricants, les constructeurs et les exploitants vont souffrir de retard d’activité. Même si tous les acteurs de l’industrie devraient faire preuve de flexibilité, il se peut que certains acteurs, notamment les fabricants éoliens ou solaires, soient consolidés. Le soutien des banques publiques à ces acteurs sera clef pour passer cette période délicate ;
b. Les développeurs vont faire face à une baisse d’activité et probablement revoir leurs exigences de prix de vente à la baisse.Nous essaierons d’être conciliants avec les projets en cours pour traverser cette période mouvementée, aux côtés de nos partenaires et en soutien à leur développement, en tant qu’acteur historique du secteur. Nous serons également attentifs aux opportunités d’investissement susceptibles d’émerger  à court terme, du fait du manque de liquidité anticipé.

(4) Au niveau financier : nous observons la mise en place de mécanisme de maintien de liquidité avec des relances monétaires et budgétaires. Les taux directeurs risquent de rester sur leurs bas historiques assez longtemps. On ne peut cependant exclure qu’une réduction des liquidités des banques commerciales entraîne une focalisation accrue sur leurs clients stratégiques et une augmentation des marges commerciales. Nous serons vigilants sur l’évolution de notre portefeuille, continuerons à analyser les projets en profondeur et maintiendrons une grande sélectivité dans notre processus d’investissements. Nous demeurons persuadés que les bons projets seront financés. Des stratégies de couverture du risque de taux pour nos investissements seront toujours systématiquement privilégiées. Nous nous donnons le droit de revoir nos prévisions d’inflation dans les prochains mois. Il n’est pas impossible que dans ce nouveau marché nous puissions augmenter nos exigences de marges.

Les projets sont-ils mis en pause ou reportés ?

Les projets en exploitation tournent et produisent de l’électricité verte. Les projets en construction risquent de souffrir de (1) retard de mise en œuvre en raison de décalage dans la livraison de panneaux ou de composants éoliens ainsi que (2) de l’arrêt des chantiers (principe de précaution). Les autorités réglementaires ont d’ores et déjà prévenu que le cas de force majeure serait utilisé pour opérer des décalages de mise en œuvre sans pénalité. Nous constatons en parallèle une volonté du gouvernement français d’inciter la reprise du travail sur les chantiers. »

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