EDF, Engie et Total accélèrent leur croissance dans le solaire

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EDF a profité de l’annonce de ses résultats pour 2020 le 18 février pour signaler vouloir porter son objectif 2030 en matière de capacités renouvelables à 60 GW, contre 50 GW jusqu’alors, et ainsi multiplier par deux sa puissance installée en EnR (hydraulique inclus).

L’accélération est déjà patente, signale EDF, puisqu’en 2020, 2,5 GW ont été mis en service, contre 1,9 GW en 2020. Les capacités en construction sont, à la fin 2020 de 8,0 GW, contre 5,1 GW à la fin 2019. En outre, EDF signale que sur le portefeuille de projet, plus de la moitié est déjà en service ou en développement par rapport à son nouvel objectif 2030. En outre, EDF précise que le solde de l’objectif est en prospection.

Et les renouvelables ne sont plus négligeables dans l’Ebitda du groupe, puisqu’ils représentent désormais autour de 2 milliards d’euros (malgré une baisse enregistrée en 2020) sur les 16 md€ d’Ebitda du groupe. En outre, les investissements ont été multipliés par 3,2 entre 2019 et 2020, pour atteindre 1,3 md€.

Le solaire photovoltaïque joue largement son rôle dans cette accélération, puisque sur les 60 GW envisagés (installés, dans le pipe et en vue), cette énergie devrait représenter quelque 56 % à l’horizon 2030, selon les chiffres donnés par EDF lors de la présentation de ses résultats pour l’année 2020.

Centrale EDF Renouvelables/ Elsewedy Benban

EDF Renouvelables

EDF rappelle avoir remporté 2 GW aux Emirats arabes Unis (Al Dhafra à Abou Dhabi, avec Jinko Power, Taqa et Masdar), 1,3 GW en Inde, et 200 MW en France. Environ 1 GW ont été mis en service l’an dernier, dont environ 400 MW aux EUA et 500 MW aux Etats-Unis. Côté français, 2,5 GWc de projets sont en développement, indique le groupe, et 0,5 GW sont d’ores et déjà sécurisés, contre 0,3 GW en construction à fin 2020. Par ailleurs, EDF signale le lancement de la première centrale PV flottante (Lazer, dans les Hautes-Alpes). Enfin, le groupe rappelle avoir atteint environ 30% du marché dans le cadre de l’appel d’offres CRE 4.8.

EDF estime ainsi que son « plan solaire » est « bien lancé », avec quelques 2,5 GWc de projets au sol en développement à la fin 2020, soit neuf fois plus qu’en 2017, près de 500 MWc étant déjà sécurisés, à fin 2020 et 250 MWc étant en construction à cette date.

Le stockage aussi

EDF n’oublie pas le stockage, voire le couplage stockage/solaire. Le portefeuille de projets réalisés ou sécurisés est ainsi en hausse de 58 % sur 2020, pour s’établir à 950 MW à la fin décembre. Ainsi, le groupe construit-il deux projets, avec Pivot Power aux Royaume-Uni, pour un total de 100 MW. Et, côté couplage, le groupe rappelle avoir signé un PPA pour un projet de 180 MW de stockage (pendant 4h) couplé à un parc solaire de 200 MWc ainsi qu’avoir remporté un appel d’offres en Israël pour 90 MW de stockage (pour 4h) alimentés grâce à un parc de 230 MWc. Sans oublier la mise en service en Guyane de la centrale de Toucan 2 équipée d’un système de stockage intelligent pour optimiser le production.

Les ENR deviennent l’une des quatre activités d’Engie

Avec une progression de 11 % de la croissance organique du résultat d’exploitation courant d’Engie par rapport à 2019, à 1,07 md€ (sur 4,58 Mds €), les EnR démontrent aussi qu’elles participent pleinement au groupe franco-belge. En outre, le Capex des EnR a représenté 39 % des investissements en 2020 à 1,5 md€ (sur 7,7 md€ investis au niveau groupe), indique Engie lors de la présentation de ses résultats, la semaine dernière. Le groupe a démarré quelque 3 GW en 2020 et racheté pour 2 GW de capacités ENR. La part des EnR dans le portefeuille d’Engie représente désormais 31%, contre 28% à la fin 2019. Une importance qui se reflète dans le choix fait par Engie de se réorganiser en quatre entité, dont l’une intégralement dédiée aux ENR, sous la direction de Paulo Almirante.

Engie rappelle disposer d’un portefeuille de 13 GW de capacités en éolien et en solaire « jeunes », et être sur la voie d’atteindre les 9 GW supplémentaires d’ici à trois ans. Le parc solaire dispose de son côté de contrat pour une durée moyenne de 19,2 années, précise le groupe. En 2021, 3 GW devraient être mis en service en 2021, dont 1,2 GWc solaires.

Au cours des deux dernières années, la capacité renouvelable d’Engie a augmenté de 32%, principalement grâce à la mise en service de 6,0 GW de capacités et à l’acquisition de 2,1 GWs, pour atteindre 31,1 GW à la fin de 2020.

Grâce au développement des énergies renouvelables, Engie fournit à ses clients publics et privés un approvisionnement en énergies renouvelables dans le cadre d’accords contractuels et financiers optimisés, en bénéficiant de l’expertise de longue date du groupe dans le domaine du commerce de l’énergie. Le groupe indique en outre avoir encore renforcé sa position sur le marché en pleine croissance des contrats d’achat d’énergie renouvelable à long terme pour les entreprises (“Green Corporate PPAs”) avec plus de 1,5 GW de contrats signés en 2020.

Parc solaire ENGIE Green Les Plos (Aude)

Photo : ENGIE Green

Début janvier 2021, Engie et Total ont par ailleurs signé un partenariat pour développer le plus grand site français de production d’hydrogène vert à partir d’électricité 100 % renouvelable. Ce partenariat est l’un des nombreux projets d’hydrogène vert qu’Engie développe actuellement.

Total veut devenir TotalEnergies

De son côté, Total qui ambitionne d’être bien plus qu’un acteur du pétrole et du gaz et se rêve en groupe multi-énergie a également multiplié ses acquisitions dans les énergies renouvelables, avec l’annonce de l’achat d’un portefeuille de 2,2 gigawatts de projets solaires aux Etats-Unis. Cette opération, dont il n’a pas dévoilé le montant, lui permet de doubler le montant de ses capacités renouvelables en développement aux Etats-Unis, les portant à 4 GW.

De même, le groupe français mise notamment sur l’énorme marché indien pour atteindre ses objectifs : une capacité de production d’électricité sur base renouvelable de 35 GW d’ici à 2025 grâce à l’expertise de ses filiales Total Solar, Total Eren, Total Quadran et SunPower. A mi-2020, sa capacité installée était de 5 GW. C’est pourquoi il a réalisé le méga deal de 2,5 milliards de dollars pour acquérir 20 % d’AGEL, la filiale du conglomérat indien Adani spécialisée dans les centrales photovoltaïques. C’est en partie grâce à cela et à l’acquisition de 50 % d’un portefeuille solaire de 3 GWc solaires appartenant à Adani que la capacité brute installée en renouvelable a plus que doublé sur un an pour s’établir à 7 GWc à la fin du quatrième trimestre 2020.

Malgré le contexte, « nous n’avons pas réduit nos investissements dans les renouvelables », a annoncé Jean-Pierre Sbraire, son directeur financier dans un podcast. Au contraire, « deux milliards de dollars y ont été investis en 2020. Cette stratégie fait émerger le nouveau visage de Total, qui se traduira dans son nouveau nom : TotalEnergies », a-t-il affirmé.

De fait, grâce à ses partenariats avec AGEL, avec Hanwha aux Etats-Unis et à l’acquisition des 2,2 GW au Texas, Total annonce donc plus de 10 GW de projets additionnels rien que sur 2021. Il précise qu’il allouera plus de 20 % de ses investissements nets dans les renouvelables et l’électricité.

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