Un câble sous-marin pour relier un complexe éolien et solaire de 10,5 GW au Maroc au réseau britannique

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La société britannique Xlinks prévoit de construire un complexe d’énergie renouvelable de 10,5 GW relié à 5 GW/20 GWh de stockage au Maroc et de le connecter au réseau électrique du Royaume-Uni via un câble sous-marin de 3,6 GW.

La société, qui compte parmi les membres de son conseil d’administration Paddy Padmanathan, le président-directeur général du géant saoudien de l’énergie ACWA Power, prévoit de déployer le projet, qui comprendrait 7 GW de capacité solaire et 3,5 GW d’énergie éolienne au Maroc. « Xlinks est en pourparlers avec les dirigeants de la communauté marocaine et le gouvernement concernant les sites exacts de la centrale solaire et travaille à l’obtention des permis avec les départements concernés », a déclaré le PDG de la société, Simon Morrish, à pv magazine.

Xlinks prévoit d’organiser des appels d’offres internationaux pour la construction du projet et prévoit de mettre en place le premier câble de 1,8 GW au début de 2027 et un deuxième câble deux ans plus tard. « La conception technique du site de production utilise des modules photovoltaïques et des éoliennes qui sont disponibles sur le marché actuellement », précise Morrish. « Toutefois, elle pourra être révisée au fur et à mesure que des technologies émergentes feront leurs preuves. »

Impression d’artiste de la future centrale

Xlinks

L’immense complexe serait relié au réseau électrique britannique à Alverdiscott, dans le Devon, et à Pembroke, au Pays de Galles, par une ligne de transport haute tension à courant continu (HVDC, en initiales anglaises) de 3 800 km, qui, selon le promoteur, comprendrait quatre câbles distincts et serait la plus longue liaison sous-marine de transport d’électricité au monde.

Le câble traversera les eaux internationales et plongera dans les eaux territoriales de pays européens tels que le Portugal, l’Espagne et la France à quatre reprises, ce qui, selon le promoteur, devrait faciliter l’obtention des permis de construire. « Pour son déploiement, trois routes différentes ont été envisagées et celle qui ne touchait pas les eaux territoriales atteignait des profondeurs de 3 000 mètres, nous avons donc opté pour la route la moins profonde qui ne va pas plus profond que 700 mètres », signale Morrish. « Cela signifie que nous entrons dans les eaux territoriales de l’Espagne, du Portugal et de la France et nous sommes en train de commencer les demandes d’approbation correspondantes. »

Les pertes de câble sur l’ensemble de la ligne de transmission sont estimées entre 10% et 12%, mais elles sont justifiées, selon le PDG, par un LCOE très bas pour les centrales solaires et éoliennes au Maroc, qui, selon lui, devrait finalement être très proche du prix bas record mondial de 0,0104 $ signalé pour le deuxième cycle du programme d’énergie renouvelable de l’Arabie saoudite. « Nous calculons actuellement un LCOE de 0,013 $/kWh, mais nous sommes très prudents sur ce point, étant donné la taille de notre projet », estime-t-il.

L’entreprise est actuellement en pourparlers avec trois grands fabricants de câbles européens pour la construction des lignes de transmission et la plus grande contrainte pour le développement du projet pourrait être un goulot d’étranglement pour l’approvisionnement en câbles, car l’industrie éolienne offshore a un fort besoin de ces composants.

Xlinks discute actuellement avec plusieurs fournisseurs de câbles

Xlinks

Une fois achevé, le projet fournira 26 TWh d’énergie durable et flexible au Royaume-Uni chaque année. « Le projet devrait représenter 7, % de la demande d’électricité du Royaume-Uni et contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs “net zéro” », affirme Morrish.

Xlinks prévoit de vendre l’électricité au réseau britannique dans le cadre d’un contrat pour différence (CfD, en anglais). « Nous espérons mener à bien une négociation bilatérale avec le ministère britannique du Commerce, de l’énergie et de la stratégie industrielle (BEIS) », précise Morrish. « Mais nous pourrions aussi participer à de futures enchères s’il y avait une allocation pour ce type de projet. » Sans l’option CfD, le projet aurait des chances limitées d’être mis en œuvre.

Xlinks prévoit d’injecter de l’électricité au Royaume-Uni pour un prix CfD d’environ 0,048 £ (0,67 $)/kWh, ce qui serait un peu plus que les quelque 0,040 £/kWh des appels d’offres actuels pour l’éolien off-shore et beaucoup moins que les 0,0925 £/kWh de la centrale nucléaire controversée de Hinkley Point C, actuellement en construction. « Cependant, la fourniture d’électricité serait similaire à la charge de base nucléaire, car elle serait capable de délivrer du courant au moins 8 heures pendant tout pic de demande pendant plus de 363 jours dans l’année », explique-t-il.

Au total, Xlinks prévoit d’investir environ 18 milliards de livres dans le projet. « Nous ne faisons rien d’exceptionnel d’un point de vue technologique », indique Morrish. « Tout ce que nous faisons, c’est assembler les différentes pièces du puzzle pour fournir un approvisionnement en électricité très précieux au réseau britannique et contribuer à la poursuite de la pénétration de l’éolien offshore et à la décarbonisation globale du pays. »

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