Sia Partners publie le rapport d’étude prospective sur les modèles économiques de la recharge pour VE (partie 1)

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Dans le cadre du plan économique France Relance, le gouvernement français a demandé à Sia Partners de produire un rapport d’étude prospective sur les modèles économiques de la recharge pour véhicules électriques. A son lancement en septembre 2020, l’objectif alors annoncé était d’atteindre 100 000 points de recharge ouverts au public d’ici fin 2021.

Publié  en cette fin d’octobre 2021, le rapport de Sia Partners met en lumière les attentes du marché et des utilisateurs ainsi que les contraintes initiales afin de définir les pistes de déploiement des infrastructures VE dans les prochaines années en France. Les principales conclusions de l’étude sont évoquées ici. Aussi, selon le rapport, la confiance devra être au coeur des stratégies d’investissement et de déploiements des infrastructures VE. En parallèle, Sia Partners confirme l’intérêt des bornes de recharge pour les aménageurs et souligne ne pas avoir identifié d’obsolescence sur les investissements actuels du réseau historique.

« La confiance, horizon du déploiement de la recharge publique »

Il est à noter que l’étude de Sia Partners se concentre spécifiquement sur les points de recharge accessibles au public, en voirie de collectivités, sur des parkings d’activités privées ou sur des parcs de stationnement public. Le rapport précise d’ailleurs que « la recharge rapide ou ultra-rapide des grands axes, ainsi que la recharge en copropriété, ne font pas partie du périmètre de cette étude, dans la mesure où elles sont étudiées par ailleurs ».

Les principales conclusions de l’étude sont les suivantes :

  • La confiance est l’axe pérenne du développement des infrastructures VE. Pour favoriser l’adoption du véhicule électrique et donc les investissements des utilisateurs, le déploiement des dispositifs et de leur technologie devront inspirer confiance en terme d’abondance, de pérennité, de qualité et de compétitivité. L’infrastructure devra être suffisamment convaincante pour laisser émerger un marché de l’occasion dans les prochaines années. Ceci implique également une bonne lisibilité des prix.
  • Le risque volume est très important car il est malheureusement possible que des investisseurs misent sur des retours sur investissements élevés peu compatibles avec la pérennité d’une même installation et le déploiement stratégique de bornes dans toutes les zones du territoire, mêmes les moins attractives. Ceci mènerait à des fractures géographiques ainsi qu’à des ruptures majeures dans l’expérience utilisateur, tant sur la qualité que sur le prix de la recharge. Pour ce faire, Sia Partners recommande une implication de l’Etat à ce niveau là.
  • Dans le processus de déploiement de bornes de recharge, on peut craindre que les opérateurs de bornes fassent peser sur les collectivités ou d’autres partenaires le poids du risque d’exploitation, notamment en la présence de mécanismes de soutien qui viendraient bouleverser la rentabilité réelle de l’installation sans répercussion sur l’opérateur. Ceci pourrait menacer à terme la durabilité des infrastructures (à l’instar des lignes de trains aujourd’hui). Pour éviter cela, Sia Partners souligne l’intérêt de moduler à bon escient les outils de la commande publique. Le modèle du marché général de performance semble particulièrement adapté puisqu’il permet à la personne publique d’adapter le revenu qu’elle accorde à son partenaire en fonction de critères de performance.
  • La question de l’interface entre opérateurs d’infrastructures et opérateurs de détail (ici opérateur de mobilité) est cruciale dans le sens où « sur ce maillon de la chaîne de valeur, il est critique que les acteurs aient le plus d’espace possible pour innover et que la concurrence y soit la plus libre possible ». Aujourd’hui la difficulté du financement de ces acteurs et la pratique de prix non homogènes résultent en un marché non structuré où se développent des pratiques dommageables pour les utilisateurs et la concurrence : ciseaux tarifaires, efforts insuffisants sur la qualité de service en interopérabilité, pratiques économiques incompatibles avec une interopérabilité efficace, …
  • La mobilité électrique pourrait profiter d’une meilleure prise sur les prix pratiqués. Sia Partners évoque l’intérêt de créer les conditions pour que l’État puisse exercer un contrôle plus global sur les prix « publics » (c’est-à-dire en dehors d’accords de marché de gros), leurs structures, le respect de la libre concurrence et la performance de l’interopérabilité.

« L’intérêt des aménageurs est avéré »

Dans les prochaines années, Sia Partners explique que le marché de la borne de recharge n’attend pas de saut technologique particulier, bien que la reprise d’une certaine partie du parc historique est à prévoir pour une mise à niveau en termes d’interopérabilité – et notamment concernant la norme 15118 qui nécessite des matériels spécifiques pour des actes de charge plus simples avec un paiement plus sécurisé. Pour Sia Partners, il est clair qu’« il n’y a pas à craindre d’obsolescence des investissements actuels ».

Par ailleurs, l’opportunité de la recharge pour les aménageur a déjà été identifiée (à raison) par un grand nombre d’acteurs privés : dans le stationnement par exemple, mais aussi dans des stratégies de recherche et de fidélisation de nouvelle clientèle ou pour opérer une transition pour une activité de distribution de carburant. Toutefois le rapport précise que « les investissements des aménageurs privés sont principalement poussés aujourd’hui par la contrainte, fixée dans la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) », qui impose un pourcentage de stationnement électrique à horizon 2025. Une plus grande flexibilité dans les détails réglementaires des infrastructures VE et du stationnement en général pourrait profiter au déploiement des bornes de recharge.

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