Conclusions du débat public sur le projet solaire de 1 GW Horizeo en Nouvelle-Aquitaine

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A la suite de la clôture du débat public sur le méga-projet Horizeo, qui comptera notamment un parc photovoltaïque de 1 GWc, Chantal Jouanno, Présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), et Jacques Archimbaud, Président de la Commission particulière du débat public, ont présenté mercredi 9 mars les principales conclusions de ces semaines de discussions.

Pour commencer, Jacques Archimbaud s’est réjoui de l’importante participation aux débats, qui ont touché « plusieurs dizaines de milliers de personnes, dans un cadre d’échanges argumentés et courtois », bien qu’il ait regretté « une trop faible proportion de jeunes ». Parmi les grands enseignements de ce débat public, le président a souligné qu’il existe aujourd’hui « un accord de principe sur la nécessité d’implanter des projets d’énergies renouvelables », avec une prise de conscience autour des enjeux d’indépendance et de souveraineté énergétiques.

Le déboisement de la forêt en question

Cependant, l’implantation de ce complexe bas-carbone dans une forêt a été et reste le principal point de discorde. Le projet prévoit en effet le défrichement de 1000 hectares de pins en Gironde pour installer le parc photovoltaïque, mais aussi des batteries, un électrolyseur et un data-center. Tandis que les maîtres d’ouvrage Noeon et Engie ont prévu des reboisements compensateurs, « l’impact sur la biodiversité et les conséquences sur le bilan carbone global et le climat local ont soulevé de nombreuses interrogations. Il ressort des échanges que la population juge contre-productif de remplacer une forêt, qu’elle estime être un puits de carbone, par un parc photovoltaïque artificialisé », a conclu Jacques Archimbaud.

Après l’incendie du data center d’OVH à Strasbourg en mars 2021, le risque de départ de feu depuis le data center d’Horizeo est également un argument majeur, « dans une région encore traumatisée » par ce type de sinistres, comme le note la CNDP. « La conception et la façon dont le risque feu a été géré chez OVH ne sont pas des moyens qui seront reproduits sur le centre de données d’Horizeo », a répondu à cela Benjamin Lépineux, consultant data center de Engie lors d’une réunion publique.

Les retombées locales, un thème nouveau

« Ce qui est très nouveau est que les objectifs de sobriété sont de plus en plus portés par le grand public, a complété Chantal Jouanno. A-t-on réellement besoin d’une centrale solaire ou d’un data-center de cette taille ? C’est un questionnement plus récent qui s’est exprimé dans les débats afin de contester la taille industrielle des projets envisagés ».

Autre thème dont doivent se saisir les pouvoirs publics : la demande d’une répartition plus équitable de la charge de la transition écologique. « Cette demande d’équité est spatiale et économique : quelles compensations peuvent être accordées à ceux qui acceptent le plus de contraintes ? », a résumé Chantal Jouanno. Lors des réunions publiques, des demandes de tarifs avantageux pour les habitants et pour les collectivités locales concernés par l’implantation de projets d’EnR ont ainsi émergé. La question des retombées fiscales allait dans le même sens : comment les revenus du photovoltaïque pourraient être mieux partagés localement ?

Une version amendée du projet présentée dans trois mois

Dans trois mois, le maître d’ouvrage présentera une version amendée du projet, prenant en compte les remarques et interrogations soulevées pendant le débat public. « Dans 58 % de cas, les projets sont modifiés après débat public, a rappelé Chantal Jouanno. La CNDP vérifiera ensuite que la nouvelle version répond bien à tous les questionnements ».

La Commission nommera ensuite un ou deux garants, chargés d’assurer le suivi des engagements, la CNDP espérant que le public va continuer à être associé aux futures études d’impact (environnementales, risque incendie, boisement compensateur…). Parmi ses recommandations, la Commission conseille à RTE d’organiser une ou plusieurs réunions ouvertes aux habitants et habitantes de Saucats lors de la concertation sur le raccordement (dite circulaire Fontaine), en allant au-delà des parties prenantes et des réunions prévues réglementairement.

En liaison avec les maîtres d’ouvrage du projet, et dans la perspective de l’établissement du plan masse de l’équipement, elle conseille également au Maire de la commune de Saucats d’installer dès mars 2022 un groupe de travail ouvert aux habitants et habitantes de la commune et consacré à la préparation de la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU).

Les inquiétudes sur la recyclabilité et sur l’origine des panneaux

Même si l’électricité photovoltaïque jouit globalement d’une bonne image, la CNDP note que son développement suscite des inquiétudes de deux ordres, portant respectivement sur la recyclabilité et sur l’origine des panneaux, qui sont une préoccupation légitime exprimée par une partie importante du public. La présence supposée de métaux rares dans les panneaux photovoltaïques fait également partie des idées qui continuent d’être avancées comme argument en défaveur du photovoltaïque. « De manière générale, dans le contexte de la transition énergétique, il sera important d’élever le niveau d’information et de connaissance scientifiques de la population sur ces nouvelles technologies », a observé Jacques Archimbaud.

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