Méga-projet Horizeo : les maîtres d’ouvrage revoient leur copie

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Après plusieurs mois de débats pilotés par la Commission nationale du débat public (CNDP), Engie, Neoen et RTE, les trois maîtres d’ouvrage du parc d’énergies renouvelables Horizeo, ont présenté une version amendée de leur projet mardi 31 mai. A l’horizon 2026, celui-ci prévoit d’accueillir un parc photovoltaïque de 1 GW, avec un électrolyseur, un centre de données, de l’agri-PV et du stockage par batterie dans la forêt de Saucats (Gironde).

« Compte tenu de l’urgence climatique, de l’importance croissante de l’indépendance énergétique de la France, de l’ambition des objectifs régionaux et nationaux en matière de transition énergétique, et des enseignements tirés du débat public, les maîtres d’ouvrage prennent la décision de poursuivre le développement du projet Horizeo, avec plusieurs évolutions et de nouveaux engagements », peut-on lire dans le document.

Les maîtres d’ouvrage ont en particulier confirmé l’implantation du site à Saucats, un point qui fait pourtant débat avec les associations environnementales, en raison de la nécessité de défricher 1000 hectares de forêt de pins. Les études réalisées pour le débat public ont par ailleurs révélé la présence d’au moins sept espèces protégées, comme le papillon fadet des laîches, l’oiseau fauvette pitchou, le crapaud calamite ou le triton marbré.

A ce sujet, les maîtres d’ouvrage ont rappelé que bien qu’ils accordent la priorité au développement de projets sur des sites artificialisés, « ces derniers représentent un ensemble limité de sites, le plus souvent de taille modeste, parfois éloignés du réseau électrique, et sur des terrains complexes (décharges, carrières, mines, sites et sols pollués, …), autant de critères qui renchérissent le coût de production de l’énergie ». L’emplacement dans la forêt a été donc été sélectionné en prenant en compte la superficie (une parcelle d’environ 2 000 hectares appartenant à un groupement forestier), le potentiel d’ensoleillement et surtout la proximité avec le poste RTE de Saucats à 3,5 km à vol d’oiseau qui dispose d’une très grande capacité d’injection d’électricité sur le réseau.

En contrepartie, Engie et Neoen se sont engagés à compenser au moins le double de la surface qui serait autorisée au défrichement (soit 2000 ha de reboisement), au plus tôt et dans le respect de la réglementation. Pour cela, les partenaires mettront en place un appel à manifestation d’intérêt pour trouver « à proximité du site » de préférence des parcelles non sylvicoles et financer des plantations chez des entreprises ou des particuliers.

Vers une réduction de la capacité du parc PV ?

Autre enseignement, les maîtres d’ouvrage ont confirmé vouloir maintenir la puissance du parc photovoltaïque à 1 GWc, ce qui pourrait en faire la plus grande centrale solaire d’Europe. Le choix sur le type de panneaux photovoltaïques (tracker, fixe, biface…) n’a pas été arrêté. Cependant, en fonction des études environnementales, des études de risque et de la concertation, il n’est pas exclu de devoir en réduire la puissance. « Compte-tenu des objectifs régionaux et nationaux en matière de transition énergétique, la France a besoin d’accélérer l’installation de parcs d’énergies renouvelables et nous croyons donc en l’intérêt d’un parc photovoltaïque de cette capacité », regrette toutefois Bruno Hernandez, directeur de projet Engie, interrogé par pv magazine France.

En outre, Engie, Neoen et RTE ont choisi de conserver les batteries de stockage avec un objectif de puissance de 40 MW, l’électrolyseur de 10 MW et la brique « agri-énergie ». « Pour cette dernière, nous nous orientons vers une solution d’agrivoltaïsme dynamique, sur une surface de 10 à 25 hectares », poursuit Bruno Hernandez. Des contacts seront pris auprès des chambres d’agriculture et des collectivités locales pour étudier les possibilités de débouchés et accompagner des agriculteurs qui seraient intéressés par une installation sur le site. Le parc photovoltaïque de 1 GW pourrait également faire l’objet d’une co-activité. Elevage ovin, apiculture…, les options sont encore ouvertes.

Le centre de données déplacé

Parmi les points qui ont évolué, « nous avons décidé de déplacer le centre de données prévu originellement sur le site d’Horizeo vers une zone déjà artificialisée, voire urbaine », poursuit Bruno Hernandez. Lors du débat public, de nombreux participants avaient en effet contesté l’implantation d’un data center en milieu naturel, estimant que des surfaces dégradées ou artificialisées seraient plus adaptées à ce type de projet. Certains avaient également souligné la menace d’incendies. « Nous allons nous mettre en lien avec les collectivités locales pour rechercher dans les environs une zone artificialisée capable d’accueillir le centre de données, et autant que possible avec une alimentation à 100 % énergies renouvelables », indique Bruno Hernandez. Cependant, compte-tenu de la distance, celui-ci ne sera vraisemblablement pas alimenté par le parc PV Horizeo.

Enfin, la pertinence de l’électrolyseur de 10 MW, qui sera alimenté à 20 à 30 % en électricité solaire provenant d’Horizeo et prévu pour produire 4 300 kg d’hydrogène vert par jour, est encore en réflexion. « Sa capacité correspond à l’approvisionnement d’environ 200 bus, chiffre Bruno Hernandez. Nous devons maintenant trouver les débouchés. Nous avons donc débuté les prospections auprès des collectivités locales et des entreprises de la région pour connaître leur intérêt et nouer des partenariats ». Dans le cas contraire, il est également possible que l’électrolyseur ne voit pas le jour.

Associer les riverains aux retombées du projet

Outre une campagne de financement participatif, les maîtres d’ouvrage se sont également engagés à solliciter les collectivités territoriales concernées par le projet afin d’étudier toute manifestation d’intérêt de leur part pour entrer au capital du parc photovoltaïque. De la même manière, ils prévoient l’ouverture du capital de la brique agri-PV aux collectivités intéressées. Enfin, une offre verte d’électricité provenant en partie d’Horizeo sera proposée aux particuliers résidant à proximité du site, dès la mise en service du parc photovoltaïque.

Pour la suite, un ou plusieurs garants de la CNDP pourraient être nommés d’ici une quinzaine de jours, afin de s’assurer de la tenue des engagements pris par les maîtres d’ouvrage. Engie et Neoen espèrent ensuite que l’enquête publique pourra être réalisée à l’horizon fin 2023, pour une mise en service espérée en 2025.

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