Le plafonnement des recettes dans l’UE paralyse le marché des PPA

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D’après pv magazine International

Les mesures d’urgence prises à l’échelon européen pour plafonner les recettes des producteurs d’électricité donnent un coup de frein à la signature des PPA d’entreprise à un moment où ces derniers sont plus nécessaires que jamais. Le 30 septembre dernier, la Commission européenne a réuni les ministres de l’énergie de ses États membres. Ils se sont accordés pour recommander de plafonner à 180 €/MWh les recettes des producteurs d’électricité qui n’utilisent pas le gaz comme combustible, de manière à protéger les consommateurs européens.

Les « recettes excédentaires » qui dépassent les 180 €/MWh devront être collectées par les gouvernements nationaux. Cependant, la réunion s’est achevée sur une recommandation de plafonnement des recettes, entre autres mesures, et les États membres sont donc libres d’intervenir comme bon leur semble sur le marché.

Paula Abreu Marques, chef d’unité de la Direction générale de l’énergie de la Commission européenne, a remarqué que « des décisions importantes concernant la crise énergétique sont prises presque tous les jours ». En conséquence de la décision du 30 septembre dernier, les entreprises et industriels acheteurs tout comme les développeurs et les propriétaires de projets énergétiques rechignent à conclure de nouveaux PPA tant que règne le chaos.

« Le principal problème, c’est qu’il s’agit là d’une règlementation européenne mais pas d’une loi européenne uniforme, a déclaré Dries Acke, directeur politique chez SolarPower Europe, à pv magazine. La Commission [européenne] est arrivée en proposant un plafond des recettes dans l’UE. Mais les États membres ont exigé d’avoir la possibilité de faire autrement, de fixer un plafond plus élevé, plus bas, ou [de mettre en place] des [mesures] technologiques spécifiques. Il s’agit simplement d’une orientation vers ce que l’UE attend de vous [les États membres] dans l’idéal, et c’est de là que vient l’incertitude ».

Les disparités d’un État membre à l’autre sont déjà évidentes. En Belgique, des discussions sont en cours pour plafonner les recettes à 130 €/MWh, soit en-deçà de la règlementation européenne.

« Les États membres font comme ils l’entendent sans que cela leur pose problème », a affirmé Dries Acke, en soulignant que l’incertitude a un effet « refroidissant » sur le marché européen des PPA. « Si vous concluez un contrat d’achat d’énergie et que vous ne savez pas exactement quel niveau de recettes vous devrez maintenir, vous êtes face à une incertitude inédite au niveau de vos calculs. »

Pendant l’événement RE-Source, les entreprises acheteuses ont déploré cette situation. Amanda Peterson Corio, responsable mondiale du centre de données de Google, a déclaré que, à l’instar d’autres entreprises, le géant de la tech n’a pas encore digéré l’issue de la réunion du 30 septembre. Elle a également noté que la durée de l’intervention sur le marché n’était pas claire.

« Certaines dates ont été évoquées lors des orientations du vendredi », a indiqué Amanda Peterson Corio lors de son intervention le premier jour de RE-Source 2022.

La Commission européenne a en effet laissé entrevoir la date potentielle du 30 juin 2023, mais d’aucuns craignent que le plafond des recettes ne soit prolongé.

« Nous avons besoin de mieux comprendre le calendrier afin de pouvoir l’anticiper », a ajouté Amanda Peterson Corio, en signalant que Google avait contracté pour environ 7 GW d’énergie propre dans le monde pour alimenter ses centres de données.

Philipp Pfefferle, directeur de BASF Renewable Energy, a indiqué que l’intervention devrait être aussi courte que possible. Il a fait remarquer que l’entreprise ne souhaite pas voir de prolongation au-delà de la date du 30 juin 2023. BASF, la plus grande entreprise de chimie au monde, consomme 6 TWh d’électricité par an sur son site de Ludwigshafen en Allemagne, assez pour alimenter 2 millions de foyers européens.

Bien que le marché des PPA soit pratiquement à l’arrêt, tout le monde à RE-Source s’accorde à dire que l’accélération des énergies renouvelables est la solution à la crise énergétique actuelle, car elle permettrait de sécuriser l’approvisionnement, les coûts et la durabilité ; il y a donc de quoi être frustré. Toutefois, il existe encore un espoir que le marché des PPA se maintienne en dépit des difficultés à court terme.

« Malgré les bonnes intentions qui motivent le plafonnement des prix, celui-ci peut avoir de nombreuses conséquences imprévues, a expliqué Edward Northam, directeur des principales énergies renouvelables chez Green Investment Group de Macquarie. Mais les fondements du marché sont très sains, si bien que nous sommes déterminés à surmonter ces obstacles ».

Traduction assurée par Christelle Taureau.

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