Le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, a lancé cette semaine le rapport phare de l’organisation, World Energy Outlook 2020 (WEO 2020), en déclarant “Le solaire est le nouveau roi des marchés mondiaux de l’électricité”.
Toutefois, le groupe de réflexion international ayant avancé d’un mois la publication de son rapport annuel, Fatih Birol a déclaré que l’étude peignait des perspectives loin d’être roses quant aux trajectoires de limitation de la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. Interrogé lors du lancement de l’étude mardi, le directeur exécutif de l’AIE a néanmoins indiqué que « ce n’est pas théoriquement impossible ».
La dernière itération de la série de prévisions de l’AIE se concentre inévitablement sur la crise de la Covid-19 depuis la dernière édition, en novembre.
L’étude envisage quatre scénarios futurs qui s’articulent autour de la question de savoir quand la crise sanitaire mondiale sera contenue. Le scénario des “politiques déclarées” (STEPS, en initiales anglaises) fait écho aux attentes exprimées par les gouvernements du monde entier, qui estiment que le nouveau coronavirus sera maîtrisé l’année prochaine et que la reprise économique sera complète d’ici la fin de l’année. Cette perspective STEPS constitue la base de deux prévisions plus optimistes : le “scénario de développement durable” (SDD) s’appuie sur les prévisions des politiques déclarées en envisageant l’adoption d’une législation conforme aux idéaux de l’accord de Paris sur le climat et la prévision « net zéro d’ici 2050 » étend la portée de la situation du SDD à 2050-70 pour examiner ce qui serait nécessaire pour atteindre l’objectif d’ici le milieu du siècle.
Une récession plus longue
En revanche, le scénario de « reprise retardée » de l’AIE (DRS) repose sur un choc Covid-19 prolongé, l’économie mondiale ne rebondissant pas avant 2023 et le monde entrant dans une décennie de croissance de la demande énergétique la plus faible depuis les années 1930. Les perspectives du DRS ont été relativement peu mentionnées dans le résumé de l’étude de l’AIE ou lors du lancement officiel.
Les projets d’énergie solaire et photovoltaïque « qui offrent aujourd’hui une électricité parmi les moins chères jamais vues », selon l’AIE, ont été très bien accueillis. Grâce à un financement bon marché et à des matériaux toujours moins chers, l’énergie solaire jouerait un rôle important dans les énergies renouvelables, qui représenteront 80% de la croissance annuelle de la demande en électricité, et 9% de la demande énergétique mondiale prévue jusqu’en 2030 selon le scénario STEPS de l’organisation. L’hydroélectricité dominerait toujours, mais le solaire devrait battre des record de déploiement chaque année de 2022 à la fin de la décennie, selon l’AIE.
Réseau
Le solaire – et le nucléaire – contribueraient encore davantage dans les prévisions plus optimistes de développement durable et de zéro net, entraînant un immense besoin en matière de réseaux, de flexibilité et de stockage de l’énergie. L’Inde pourrait devenir à un moment donné le plus grand marché de stockage à l’échelle des utilities dans le monde. Les auteurs du rapport de l’AIE n’ont pas perdu de vue le fait que de gros investissements seront nécessaires pour moderniser les réseaux électriques à un moment où de nombreux énergéticiens – en particulier dans le monde en développement – sont en crise financière.
La probabilité que la Covid-19 accélère la mort du charbon est visible via les prévisions de fermeture de 275 GW de capacités de production d’électricité au charbon d’ici 2025, dont 100 GW aux États-Unis et 75 GW dans l’UE. Les quelques 39% de l’électricité produite dans le monde à partir du charbon l’année dernière devraient chuter à 28% d’ici à 2030 dans le cadre du scénario STEPS (business-as-usual STEPS), ou à 15% dans le scénario SDD.
La perspective du « pic pétrolier », qui fait l’objet de spéculations, est moins immédiate et le sort du gaz dépendra fortement de la politique suivie, selon l’AIE. La politique de Clean Air et la croissance de l’industrie manufacturière en Asie du Sud et de l’Est pourraient entraîner une hausse de 30% de la demande mondiale de gaz d’ici 2040, selon l’étude.
Tim Gould, responsable des perspectives et des investissements en matière d’approvisionnement énergétique à l’AIE, s’est exprimé lors du lancement du WEO 2020, pour souligner que les consommateurs ont dépensé 1 000 milliards de dollars de moins en produits pétroliers cette année que l’année dernière. La valeur du pétrole et du gaz ayant chuté d’un quart cette année, l’industrie a amorti 50 milliards de dollars d’actifs jusqu’à présent en 2020. Tim Gould a déclaré que les 60% de revenus pétroliers provenant du secteur des transports au cours de la dernière décennie passeraient plutôt à 60 % pour les plastiques en 2030, reflétant les changements de comportement des consommateurs.
Mettant en garde contre toute complaisance à ce sujet à l’occasion du lancement du rapport 2020, le patron de Tim Gould, Fatih Birol, a déclaré que malgré tous les éloges sur le nombre rapidement croissant de véhicules électriques (VE) sur les routes cette année, seulement 2,5% des ventes de nouveaux véhicules étaient électriques. En revanche, 42% des ventes de véhicules neufs sont des SUV gourmands en essence, a martelé Fatih Birol.
Chine
La contribution que la Chine pourrait apporter à la transition énergétique, grâce à sa récente annonce d’un’un objectif de rejets de CO2 zéro pour 2060, a également été prise en compte lors du lancement du WEO 2020.
« Nous pensons que l’action de la Chine pour atteindre l’objectif fixé par le président Xi sera essentielle pour déterminer la lutte mondiale contre le changement climatique », a indiqué Fatih Birol en réponse à une question des médias. « Nous attendons avec impatience le prochain plan quinquennal … et nous espérons qu’il nous convaincra déjà que la Chine va atteindre cet objectif que nous espérons de tout cœur et que nous souhaitons voir se réaliser. Le premier test – à mon avis – sera le prochain plan quinquennal et le type de technologies et de politiques énergétiques qui y seront inclues ».
En conclusion de sa présentation, Fatih Birol a signalé : « il n’y a pas de raccourcis pour la transition énergétique. » Et de conclure : « Si nous voulons vraiment nous attaquer au changement climatique, nous devons modifier en profondeur notre système énergétique, en nous appuyant sur des politiques énergétiques adéquates et appropriées ».
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