[Entretien] Le PV décentralisé et agrégé est-il l’avenir dans les villes ?

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Le développement urbain et l’urgence climatique posent la question de la durabilité des villes. A l’échelle mondiale, elles concentrent, en effet, toutes les problématiques concernées par la transition énergétique et notamment la mobilité, l’habitat et les consommations des services publics et des activités commerciales et industrielles. Pour aborder la question des villes de demain, pv magazine France s’est entretenu avec Mortiz Jungmann, associé à l’investissement à Future Energy Ventures, le fonds d’investissement en capital-risque dédié à la transition énergétique (via le numérique et les technologies) du groupe allemand E.ON.

Pour le cadre, avec qui nous avons évoqué la place du solaire dans les investissements de la structure, le développement est inévitable et logique du côté de l’énergie décentralisée. Future Energy Ventures n’investit pas dans les moyens de production d’énergies renouvelables, mais soutient des entreprises visant à décarboner l’économie, notamment par le développement de logiciels accompagnant la transition. « Nous pensons qu’il faut augmenter la part des EnR dans le mix énergétique mais aussi augmenter leur performance et l’efficacité de leur utilisation dans nos consommations – sur lesquelles nous n’avons pas la main », déclare Mortiz Jungmann qui parle du point de vue de l’investisseur. Il explique que la société mise sur le déploiement de solutions électriques dans tous les secteurs et, pour ce faire, sur le développement des énergies renouvelables destinées à verdir le mix du réseau et (de manière croissante) les opérations décentralisées.

« Pour pouvoir se reposer sur le solaire dans les villes, il faudra dans un premier temps démocratiser l’accès aux panneaux photovoltaïques. On observe que des acteurs du marché surmontent les barrières à l’entrée sur ces équipements et se lancent notamment dans l’installation de solutions photovoltaïques en toiture. Certaines de ces entreprises se tournent ensuite vers la fourniture d’électricité en tant que service avec leurs installations solaires. »

Fourniture de service et agrégation de données

En Allemagne, c’est la jeune pousse berlinoise Enpal qui innove sur le segment en installant, puis exploitant des installations solaires résidentielles via sa plateforme numérique. Dans le détail, la société propose à ses clients d’acheter des systèmes photovoltaïques via un modèle de location avec un loyer fixe convenu pour 20 ans qui leur permet d’accéder à un système en toiture et de bénéficier de tarifs d’autoconsommation et de rachat sans mise de départ. En créant, avec ces systèmes solaires, une large communauté d’énergie agrégée, Enpal se positionne en quasi-fournisseur d’électricité – et dépasse la limite du foncier.

Car la question de l’aggrégation des petits centres de productions décentralisés est primordiale. A ce niveau, est évoqué l’intérêt stratégique d’entreprises, comme GreenCom, récemment passé sous le giron d’Enphase, qui connectent des actifs résidentiels (systèmes solaires, batteries, véhicules électriques, …) pour faciliter la gestion de l’électricité et la répartition de l’énergie renouvelable décentralisée à plus grande échelle. Différents modèles d’affaires émergent, mais, comme le précise l’associé, des marchés à plus fort potentiel solaire comme l’Espagne et l’Italie sont plus aisément porteurs d’initiatives à ce sujet.

L’un dans l’autre pour Mortiz Jungmann, c’est la relation « forte et à long terme » avec le client qui sera décisive. « Il faut rester en contact après l’installation du système et développer un logiciel de suivi optimal. »

Du côté du déploiement effectif du photovoltaïque en ville, où peu de foyers sont propriétaires de leurs biens (ou du moins du bâtiment), la question se pose, selon lui, au niveau du consentement financier des acteurs et des consommateurs. Le contexte de crise énergétique est forcément porteur, mais le marché de l’équipement résidentiel est fragmenté. « Qui aura la capacité financière de passer à grande échelle ? », questionne l’associé. Il existe des opportunités sur les couvertures de toitures sur des projets de bâtiments urbains (existant et nouveau), notamment pour les bailleurs de fonds et les groupes immobiliers qui pourront ensuite revendre cette électricité verte.

Le modèle des communautés solaires qui permet d’agréger la demande est un terrain fertile, mais les initiatives sont encore limitées en taille et en nombre et reposent sur des considérations légales parfois complexes et difficiles à aborder de par leurs caractéristiques locales.

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