L’acteur de la semaine : Beoga

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En octobre 2019, Beoga est lancée dans le Business & Innovation Centre (BIC) de Montpellier pour développer les communautés énergétiques en autoconsommation collective en France. En mars 2021, la jeune pousse inaugure son projet pilote Smart Lou Quila, une communauté énergétique intelligente développée dans le Gard et qui combine production, stockage et distribution de l’électricité solaire. Ce modèle de partage d’électricité renouvelable repose sur une plateforme IoT qui permet à la communauté de s’autoréguler via une meilleure partition énergétique et l’accès aux données en temps réel. Le projet est équipé d’un véhicule-to-grid et reconsidère le concept d’électromobilité pour fluidifier le réseau, en accord avec les usages des membres de la communauté.

Le projet Smart Lou Quila : la première borne de recharge de véhicule bidirectionnelle connectée au réseau et le potentiel du véhicule-to-grid

Installé dans la commune de Le Cailar, le système d’autoconsommation collective Smart Lou Quila compte aujourd’hui 18 kWc de puissance grâce à ses quatre installations PV installées sur les toits des lotissements et du stade municipal. Le réseau comprend aussi 30 kWh de capacité de stockage stationnaire répartis en trois points dans les six maisons participantes. Un véhicule-to-grid de 42 kWh de capacité vient compléter le système pour permettre aux membres équipés d’une borne de recharge pour véhicules électriques de l’utiliser comme borne de stockage.

Le véhicule-to-grid du projet Smart Lou Quila

Image : Beoga

Pour ce faire, l’installateur de panneaux photovoltaïque local Libow a installé la première borne de recharge de véhicule bidirectionnelle connectée au réseau Enedis. Un peu en avance sur le marché, puisqu’elle opère la première batterie stationnaire décentralisée, Beoga veut aussi repenser l’électromobilité dans son projet énergétique. « On prend en compte la capacité énergétique du véhicule », explique Amaury Pachurka, le CEO et cofondateur de Beoga. « Une voiture reste garée environ 85% du temps. Pour nous elle représente donc un asset électrique avant d’être un outil de mobilité ».

« A long terme, la voiture pourrait être utilisée comme batterie plus que pour se déplacer » affirme le fondateur qui souligne au passage que les usages en ce sens ont d’ailleurs déjà évolués puisque dans certains centres villes européens, une vignette payante est désormais nécessaire pour circuler en voiture. « La mobilité c’est de se rentre d’un point A à un point B par un moyen de transport, mais ce n’est pas forcément la voiture. En l’occurrence nous pensons aussi à d’autres véhicules », ajoute Amaury Pachurka. En effet, Beoga réfléchit à un projet de mobilité partagée au sein de communautés énergétiques où le surplus énergétique pourrait être valorisé en kilomètre. A ce jour, la startup prévoit d’ajouter rapidement un second véhicule-to-grid à son projet pilote afin d’optimiser la fluidité du réseau existant.

« Une réduction de la consommation totale de 7 à 8% dans la communauté énergétique »

Tous les équipements sont reliés par une passerelle IoT qui permet de connecter les points et de donner les ordres de charges. Dans le détail : lorsqu’une installation produit plus d’énergie que les besoins du bâtiment sur lequel elle est posée, l’électricité est alors envoyée en priorité aux autres membres de la communauté énergétique grâce au système de répartition du stockage. La gestion s’opère en réseau fermé mais les données sont transférées à Enedis et la compatibilité avec les compteurs Linky est assurée par l’installateur. La connexion au réseau permet de tirer de l’énergie si nécessaire ou de réinjecter les surplus de production.

Compteurs électriques de la communauté énergétique Smart Lou Quila

Image : Beoga

Via une application, les usagers de la communauté ont accès aux données énergétiques en temps réel pour permettre de limiter ou de compenser les charges d’électricité. « Les premiers jeux de données du projet Smart Lou Quila ont établi une réduction de la consommation totale de 7 à 8% dans la communauté énergétique » témoigne Amaury Pachurka, qui explique que les citoyens ont naturellement adapté leur consommation en fonction des heures pleines et des données disponibles en temps réel, notamment sur le remplissage du ballon d’eau chaud, les lessives, etc.

Beoga veut continuer à améliorer les clés de répartition de l’algorithme de la solution pour optimiser le rapport entre la production et la consommation d’énergie. En effet, selon les estimations de la société, près de 9 % d’économie d’énergie est possible sans même changer les usages des consommateurs, simplement grâce à la valorisation de la production solaire et à sa distribution efficace par le système d’autoconsommation collective. Et la facture devrait encore baisser avec une meilleure gestion de l’énergies lors des pics (de production et de consommation) et les économies de coûts permises par les achats groupés.

Une levée de fonds pour renforcer la R&D et le lancement commercial

L’idée de développer les communautés énergétiques en autoconsommation collective murit depuis 2017 auprès des trois cofondateurs de Beoga. Le concept se pense d’abord à Hong Kong, où le trio français est basé, puis se projette rapidement en France où les fondateurs ont identifié des opportunités majeures comme la maturité avancée du marché énergétique et les chances d’évolution favorable de la réglementation – « même si celle-ci n’existe pas encore », précise Amaury Pachurka. Le projet Smart Lou Quila a montré l’évolution sociétale vers plus d’énergie durable et l’acceptabilité des usages en autoconsommation collective.

Une usagère utilisant l’application de gestion de la communauté énergétique (projet Smart Lou Quila)

Image : Beoga

Pour renforcer la R&D, notamment dans l’électromobilité, et lancer le développement commercial, Beoga procède actuellement à une levée de fonds. Les détails du tour de table ne sont pas encore disponibles, mais la société nous a confié vouloir continuer son développement en France, sur le résidentiel collectif d’abord, puis, rapidement, sur les zones commerciales qui permettent une approche plus simple de la répartition énergétique dans l’AC.

Le déploiement commercial comprendra un volet « installations et raccordement » au sein des communautés énergétiques existantes, avec la promesse d’une rentabilité intéressante pour les usagers. Beoga développe aussi une offre « clé-en-main » sur mesure pour des nouvelles communautés énergétiques qui devrait notamment inclure l’installation des systèmes solaires, la gestion de l’urbanisme et l’accompagnement pour la création de la personne morale organisatrice (PMO).

Pour la suite, les communautés énergétiques en AC de Beoga devraient aussi profiter des prix de l’électricité en forte augmentation et de la baisse des prix sur la production PV et le stockage. « En intégrant et en démontrant l’efficacité et la faisabilité d’un projet comme Smart Lou Quila, on décompléxifie l’approche collective citoyenne verte », explique Amaury Pachurka. « Les trois problèmes majeurs qui restent tiennent aux aspects administratif, technologique et technique et économique, c’est ce sur quoi on travaille ».

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